Sur le champ !
de Michaël Antoine, Nicolas Bier et Jean-Simon Gérard
Documentaire
Présenté en avant-première le 23 septembre 2020
Le festival Alimenterre
Cette année se tiendra la douzième édition du festival Alimenterre, un festival de films documentaires qui vise à dénoncer les désordres et injustices alimentaires mondiales et à proposer des alternatives. Cet événement est à l’initiative de l’ONG de coopération au développement SOS Faim qui lutte contre la faim en offrant un soutien technique, financier et politique à des agriculteurs en Afrique et en Amérique du Sud. Comme chaque année, le festival se déroule dans les mêmes eaux que la journée de l’alimentation du 16 octobre.
Dans le cadre de ce festival sera projeté, entre autres documentaires, le film Sur le champ !.
Le paradoxe de la faim
L’industrialisation des méthodes agricoles après la Seconde Guerre mondiale avait pour objectif d’éradiquer la faim. Ce système d’agriculture industrialisée est aujourd’hui tout à fait implanté, et ce mondialement. L’ensemble du système alimentaire pourrait nourrir 12 milliards de personnes. Or, 820 millions d’individus souffrent de malnutrition tandis que nous gaspillons et brûlons un tiers de nos productions. Et ceux qui ont le plus faim sont, paradoxalement, les paysans, ceux-là même qui produisent notre nourriture. On appelle cela le paradoxe de la faim. L’agrobusiness entraîne donc, au final, des effets inverses à ceux qu’il est censé engendrer. Quelle alternative proposer à cela ?
Les alternatives à l’agrobusiness
Pour répondre à cette question, les caméras des réalisateurs ont voyagé entre le Pérou, le Burkina Faso et la Belgique. Ici et là-bas, des familles d’agriculteurs, d’éleveurs et de maraîchers ont adopté des modèles d’agriculture familiale durable. Leurs mots d’ordre sont résilience, circuits courts et agroécologie. Tout cela tend vers le concept plus général de souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit des États et de leurs populations à choisir ce qu’elles consomment, ce qu’elles produisent et comment.
Souveraineté en tant producteur et aussi en tant que consommateur, donc. Cela nous permet de saisir en quoi la somme de nos choix individuels a déjà des impacts macroéconomiques et ainsi comment ceux d’un consommateur conscientisé ont la valeur d’un vote. Ceci est dit sans naïveté – personne ne nie la puissance du lobbying des grandes entreprises (dont l’exemple le plus parlant est Monsanto) auprès des décideurs politiques -, sans pour autant emprunter de ton moralisateur.
Un propos bien équilibré
Des interventions toutes plus pertinentes les unes que les autres ponctuent le documentaire, notamment celle du parrain du festival Olivier De Schutter (professeur de droit international spécialisé dans le droit à l’alimentation). Si les voix des spécialistes et universitaires apportent un éclairage théorique sur la question, le film est cependant pleinement ancré dans les réalités des paysans. Les néo-ruraux, comme les agriculteurs conventionnels en transition vers une agriculture durable. Comment pourrait-t-on juger les personnes qui, durant toute leur carrière, ont écouté les mauvais conseils de leurs ingénieurs agronomes ? En effet, la transition agroécologique doit s’opérer en incluant les acteurs du système conventionnel.
Un long métrage plein d’espoir qui permet de comprendre, loin des discours alarmistes, les enjeux du commerce international et de la lutte contre la faim.
Sur le champ ! sera projeté le samedi 10 octobre au See U à Bruxelles, le 14 octobre aux Chiroux à Liège, le 22 octobre au Caméo à Namur. Long métrage à l’initiative de SOS Faim en partenariat avec les ONG Iles de Paix et Autre Terre et coproduit par Versus production ainsi que la RTBF.
Retrouvez le programme des projections, débats et ateliers sur le site internet du festival Alimenterre.