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    Nickel Boys : « Fuir était une folie, ne pas fuir aussi »

    Titre : Nickel Boys
    Auteur : Colson Whitehead
    Editions : Albin Michel
    Date de parution : 19 août 2020
    Genre : Roman

    Quoi de mieux pour un auteur américain que de recevoir un Prix Pulitzer ? D’en recevoir deux bien sûr ! C’est ce qui est arrivé à l’auteur new-yorkais Colson Whitehead. Cet ardent défenseur de la cause afro-américaine l’a reçu une première fois en 2017 pour le sublime Railway Underground et cette année pour Nickel Boys.

    Nickel Boys, c’est l’histoire d’un jeune homme originaire de Floride, Elwood Curtis, élevé par sa grand-mère. Mais être noir aux Etats-Unis dans les années 60 ne promet nullement une route pavée de bonnes intentions dans une Amérique toujours ségrégationniste. Elwood n’est pas épargné par le destin. La veille de son entrée à l’université, il est accusé à tort d’un vol de voiture et se retrouve condamné à séjourner au sein de la Nickel Academy, une maison de correction à la réputation terrible. Dans ce microcosme où les blancs et les noirs sont séparés, la différence de traitement est appliquée selon la couleur de la peau. Malheureusement, rien de nouveau pour les noirs de l’école. Les abus, la maltraitance physique et psychologique y est tolérée, voire encouragée par une direction sans foi ni loi et des sous-fifres sadiques.

    Les personnages sont fictifs, mais Colson Whitehead s’est inspiré de l’histoire de la Dozier School for Boys, qui, sur base de nombreux témoignages d’anciens pensionnaires, avait coutume de voir perpétrés sous son toit des viols, des tortures et même des meurtres par les membres du personnel.

    Peut-être était-ce facile de faire du protagoniste du roman un élève doué, bien élevé, altruiste, intello et très inspiré par les discours de Martin Luther King. Cependant, quel que soit le milieu social des élèves de la Nickel Academy, tous ont en commun le fait d’être violentés à cause de leur couleur de peau. Aussi bien l’ami que le sale type qui frappe les plus faibles en passant par les pitres ou encore les garçons rejetés par leur famille déshonorée. Cette galerie de personnages prouve une fois encore que le racisme ne s’arrête ni au niveau d’éducation ni à la situation financière ou familiale.

    Ce qu’on retiendra de cette histoire, c’est qu’elle n’évoque pas le parcours d’un garçon opprimé qui cherche à contourner les injustices quotidiennes, mais le combat d’un jeune homme qui, au fil des événements endurés, veut agir pour défendre ses droits fondamentaux, quitte à y perdre des plumes.

    Véritable roman d’apprentissage, Nickel Boys peut être lu par tous, y compris les adolescents, grâce à un style accessible, sans pour autant être dénué de justesse de propos ni de finesse. L’auteur a en effet eu l’élégance de suggérer plutôt que de livrer des descriptions glauques gratuites. Le tout avec un final que vous ne serez pas prêts d’oublier.

    Nickel Boys est l’un de ces livres nécessaires dont on souhaiterait que le sujet ne soit plus qu’un lointain souvenir jamais ravivé. L’actualité nous prouve encore aujourd’hui qu’on en est bien loin…

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