Titre : La petite dernière
Auteur : Fatima Daas
Éditeur : Les éditions Noir sur Blanc
Date de parution : 20 août 2020
Genre : Roman
La petite dernière de Fatima Daas fait partie des romans les plus remarqués de la rentrée littéraire. Rédigé sous la forme d’un monologue au ton intimiste, ce livre très court dévoile les conflits interne d’une jeune femme rebelle, avide de reconnaissance, tiraillée entre son attirance pour les femmes et sa foi musulmane.
Une famille d’immigrés algériens
L’autrice, née en 1995, est, comme sa narratrice, une Française d’origine algérienne qui vit à Clichy-sous-Bois, en banlieue parisienne. Douée à l’école, elle a toutefois l’âme d’une rebelle et se comporte comme un garçon manqué. Petit à petit, elle prend conscience qu’elle aime les filles. À la maison, c’est la troisième sœur, la « petite dernière », celle qui fait des crises d’asthme et qu’on doit sans cesse amener à l’hôpital. Entre un père autoritaire, parfois violent, et une mère qui passe sa vie en cuisine en cherchant à tout prix à éviter de faire des vagues, Fatima a du mal à trouver sa place. Les sentiments, et a fortiori la sexualité, sont tabous dans un foyer où on éteint la télé dès qu’un couple s’embrasse à l’écran.
Une quête d’identité entre sexe, religion et culture
Pourtant, Fatima ne veut pas renier les siens. Jeune adulte, elle se plonge dans le Coran pour apaiser son âme et chercher un moyen de réconcilier son identité sexuelle, sa religion et la culture familiale. Après avoir consulté un imam et une psychologue, c’est ensuite l’écriture qui fait office de thérapie. Le monologue de Fatima est une sorte d’auto-analyse, un questionnement sur l’identité et les valeurs. Son écriture est coupée au couteau, un peu comme celle d’Annie Ernaux dont elle s’est inspirée, citant même un passage de Passion Simple à un moment de son récit.
Les phrases sont courtes, les sentiments bruts. Fatima partage des bribes de souvenirs sans s’appesantir sur les détails. Ce qui compte, c’est ce qu’elle a ressenti dans chacune des situations évoquées. Les mêmes phrases répétées à chaque début de chapitre sonnent comme une litanie. Le souci permanent de définir les termes et d’évoquer leur étymologie, comme une quête de sens et de renouement avec les origines. Pour Virginie Despentes, qui a accepté de préfacer l’ouvrage, « Ici l’écriture cherche à inventer l’impossible : comment tout concilier, comment respirer dans la honte, comment danser dans une impasse jusqu’à ouvrir une porte là où se dressait un mur. »
La petite dernière de Fatima Daas est en effet bien plus qu’un témoignage d’inspiration autobiographique. C’est un récit universel sur la volonté d’être différent tout en ayant besoin d’être aimé et accepté.