L’Extraordinaire Mr. Rogers
de Marielle Heller
Biopic, Drame
Avec Tom Hanks, Matthew Rhys, Susan Kelechi Watson
Sorti en DVD le 1er juillet 2020
La chose est connue, Tom Hanks aime les rôles de gentil ! À tel point que l’acteur refusa autrefois d’incarner Phil Connors dans Un jour sans fin, considérant que : « Le public aurait attendu que je fasse le mec sympa, parce que je joue toujours le mec sympa. Alors que Phil est un tel fils de p*te à l’écran – et en dehors – qu’on ne sait jamais ce qui va arriver avec lui ». Ainsi, le personnage de Fred Rogers semblait écrit pour l’acteur.
Présentateur d’émissions pour enfants à partir des années 60, Mr. Rogers a durant plus de trente ans occupé les antennes américaines avec son célèbre Mister Rogers’ Neighborhood. Par le biais de chansons, de rencontres et de capsules éducatives, celui-ci participa à l’édification morale de la jeunesse américaine, allant jusqu’à secouer la société en invitant par exemple un afro-américain – l’Officier François Clemmons – à partager un bain de pieds à l’antenne à une époque où les lois ségrégationnistes étaient encore largement d’application.
Partiellement basé sur l’article du journaliste Tom Junod – ici rebaptisé Lloyd Vogel – paru en 1998 et intitulé « Can you say… hero ? », L’Extraordinaire Mr. Rogers relate la relation entre le présentateur et un journaliste cynique et désabusé. Peu à peu, à mesure que les deux hommes apprendront à se connaître, Lloyd Vogel (Matthew Rhys) découvrira qui se cache derrière Mr. Rogers (Tom Hanks). Cette relation le mènera à une introspection qui changera son rapport au monde.
Bien que L’Extraordinaire Mr. Rogers contienne quelques passages plus lourds, il se rapproche à de nombreux égards d’un Feel Good Movie. On ressortira ainsi de la séance apaisé et heureux, frappés par la douceur, la bienveillance, la gentillesse et l’humanité de Fred Rogers. Et notre apaisement sera finalement celui du personnage principal, Lloyd Vogel.
Cynique, désabusé, prêt à enfoncer Mr. Rogers qu’il voit avant tout comme un hypocrite, Vogel est incapable d’affronter la sincérité de certaines personnes, allant jusqu’à demander à l’épouse du présentateur : « Qu’est-ce que ça fait d’être mariée à un saint ? » À travers son rapport à celui-ci, Vogel apprendra à se reconnecter à lui-même et à l’enfant qu’il aura oublié d’être. Et à travers lui, le récit questionnera le spectateur sur son rapport aux autres.
Soutenu par une bande son envoûtante dans laquelle on trouve notamment les somptueux « Northern Sky » de Nick Drake ou « On the Road to find Out » de Cat Stevens, L’Extraordinaire Mr. Rogers livre une atmosphère bon enfant que la noirceur de certains pans du récit ne parviendra pas à éclipser. Tom Hanks y livre une performance tout en retenue, posée et pleine de nuances, l’un de ses rôles les plus touchants.
Au final, reste une histoire simple, parfois dure puis soudainement touchante. Un genre de leçon sur la nécessité d’être positif, optimiste et ouvert. Malgré quelques thématiques déjà vues, une bouffée d’air frais qui mettra de bonne humeur. Ça fait du bien de temps à autre !