Titre : Dieu pardonne, moi pas
Auteur : Claude-Michel Rome
Editions : Albin Michel
Date de parution : 2 janvier 2020
Genre : Thriller, Policier, Politique
Vous rappelez-vous la théorie du chaos avancée par Ian Malcolm dans Jurassic Park ? Ou encore du film L’Effet papillon ayant lancé la carrière d’un certain Ashton Kutcher ? Et bien, cette théorie mathématique pourrait expliquer l’imbroglio politique, judiciaire et financier dans lequel Claude-Michel Rome emmène son lecteur avec Dieu pardonne, moi pas.
Dieu pardonne, moi pas est, à notre connaissance, le premier roman du réalisateur Claude-Michel Rome. Si son nom vous est étranger, l’homme est pourtant l’un des apôtres du petit écran avec, à son actif, des succès comme la mini-série Zodiaque, le téléfilm L’Emprise (traitant du sujet des femmes battues) ou dernièrement Le temps est assassin avec Mathilde Seigner et Jenifer Bartoli. Avec ce roman, Claude-Michel Rome passe un nouveau cap qui pourrait le propulser vers les sommets du genre.
Dieu pardonne, moi pas, c’est l’histoire d’un décès, celui de Pascal Metzger, grand avocat parisien dont le corps est retrouvé en mer, non loin de sa résidence secondaire. Ce qui aurait pu être un regrettable accident se transforme en un véritable puzzle judiciaire, où s’entremêlent luttes de pouvoirs et enjeux financiers. Car Maître Metzger est décédé la veille d’un grand procès contre une dictature pétrolière d’Afrique de l’Ouest. Une mort aussi tragique que mystérieuse qui oblige ses trois jeunes associés à creuser un dossier dont ils ne sortiront pas indemnes et avec lequel ils sont intimement liés.
Avouons-le, la lecture de Dieu pardonne, moi pas n’est pas aisée. D’une part, les éléments à charge ou à décharge foisonnent au même rythme que les histoires parallèles se dévoilent sous les yeux du lecteur. De l’autre, la kyrielle de personnages, dont la collusion directe ou indirecte avec le dossier Metzger est à chaque fois – ou presque – incontestable, densifie le récit et favorise l’égarement du lecteur peu attentif.
Mais passé cet écueil, l’ouvrage est d’une richesse scénaristique indéniable. Et pour cause, le cinéaste Claude-Michel Rome sait y faire pour tenir en haleine son spectateur, passif au demeurant, et le faire entrer dans un univers dont il ne connait rien. L’écriture est léchée sans être pompeuse, le rythme est soutenu sans être expéditif et l’histoire est complexe sans pour autant être inintelligible. C’est probablement ce jeu d’équilibre qui fait de Dieu pardonne, moi pas une réussite accessible.
En résumé, Claude-Michel Rome fait une entrée remarquée dans un genre peu conventionnel et « casse-gueule », celui du thriller politico-financier. Un succès qui lui permettra assurément de faire florès dans le monde littéraire. Mais une question se pose déjà : à quand l’adaptation cinématographique ?