Refusant d’être rangé sous la sans doute trop poussiéreuse étiquette « musique folk » ― impliquant souvent dans l’imaginaire collectif la légende suivante : « barbu vêtu d’une chemise country à carreaux accompagné de sa guitare acoustique » ― Matthew and The Atlas inaugure son premier album en se tournant résolument vers des horizons plus contemporains. Other Rivers y devient en effet le lieu de confluence entre, d’une part, les traditionnels banjos, violons, guitares et compagnie et des arrangements électroniques de l’autre…
Si ces derniers paraissaient être un moyen honorable pour approfondir le lit des cours d’eau folkloriques, ils ne parviennent cependant pas à apporter ce qu’il faut de diversités et de surprises à une musique de départ assez ennuyante. C’est que le paysage, bien que moins coutumier que d’ordinaire, nous lasse rapidement par ce retour incessant de berges toutes plus semblables les unes que les autres, à tel point qu’il devient difficile de dissocier les différentes chansons qui composent cet album.
A ce dessein échoue également, malgré une personnalité évidente, la voix mélodieuse de Matthew Hegarty qui ne parvient à nous prendre à contre courant à aucun moment. Monotone, elle nous fait vaguement flotter vers des rivages mélancoliques sans jamais vraiment nous transporter.
Et dire qu’il aura fallu trois ans au groupe anglais pour nous proposer ces dix titres, un laps de temps qui n’est pardonné que de justesse par les paroles, il est vrai, assez joliment écrites…
Soyez tout de même bien avertis que cette descente de rivières ne vous fera pas ressentir le moindre frémissement face à des remous ou devant l’imminence d’une cascade, du reste totalement absents de ce CD. On peut cependant imaginer réaliser le trajet qui vous mènera d’Into Gold à Another Way d’une traite, avec peut-être comme compagnie un bon livre à la main (celui-ci ne sera, c’est promis, jamais éclaboussé)…