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    Visite du tournage de Baden Baden

    Sur le tournage de Baden Baden (seule comme une baignoire) de Rachel Lang : rencontre avec l’actrice Salomé Richard.

    C’est au septième étage du casino de Bruxelles, au sommet du Kameleon Sky, que se déroulait, le douze août dernier, le deuxième jour de tournage du premier long métrage de Rachel Lang : Baden Baden (seule comme une baignoire). La réalisatrice d’origine française mais ayant fait ses armes en Belgique signe ici le troisième opus d’une trilogie traitant de l’évolution d’Ana (Salomé Richard), une jeune femme un peu perdue que l’on peut suivre en clins d’œil dans les courts métrages Pour toi, je ferai bataille et Les navets blancs empêchent de dormir la nuit. Nourrie de philosophie et de théâtre, « pas cinéphile à la base » comme Rachel Lang le dit elle-même mais nourrie par Pialat, entre autres, la réalisatrice dépeint, avec beaucoup de naturalisme, les pérégrinations existentielles d’une féminité un peu brute, un peu perdue, un peu mise à l’épreuve. Une histoire en trois volets qui joue avec efficacité sur les symboles, les échos, beaucoup de poésie. Entre Bruxelles et Strasbourg, Ana quitte un tournage sur lequel elle ne se sent pas à sa place pour aller changer la baignoire de sa grand-mère (jouée par Claude Gensac). Le temps des travaux, Ana se remet en question.

    Sur la terrasse du restaurant Viage, avec une vue de biais sur le théâtre de la Monnaie de Bruxelles, nous avons rencontré l’actrice Salomé Richard qui nous a parlé du film. Une actrice égale à ce qu’on peut voir d’elle à l’écran : une innocence un peu fragile dans son regard vert, une maladresse douce et presque candide d’une actrice de talent qui promet.

    Le Suricate Magazine : Vous avez tourné avec Rachel Lang pour les deux premiers courts-métrages, pourriez-vous nous raconter votre rencontre ?

    Salomé Richard : J’ai rencontré Rachel Lang lors du casting pour son travail de fin d’étude à l’IAD qu’elle réalisait avec Célia Dessardo et, dans un premier temps, Rachel m’avait dit que ça n’allait pas le faire. Trois semaines plus tard, elle m’a rappelé en me disant : « T’es toujours ok pour les cheveux ? » – ce dont on n’avait pas du tout parlé (rires) – et elle voulait que je joue dans son film.

    LSM : Justement, pour ce premier volet, vous coupez vos cheveux très courts, lors d’une séquence. Ça a été difficile, pour vous, pour votre féminité, d’effectuer ce geste ?

    S.R. : Au moment où nous avons tourné cette séquence, il y a eu une sorte de drame incident. J’ai coupé mes cheveux en un plan et tout le monde était très heureux du résultat, moi y compris puis Rachel a pris une tondeuse en me disant qu’elle l’avait réglée sur cinq. Je pensais que c’étaient cinq centimètres, c’étaient cinq millimètres. Au moment où j’ai passé mes mains dans les cheveux, j’ai fondu en larmes parce que je me suis rendue compte que c’était extrêmement court. Ça s’est très bien résolu, au final, il n’y avait pas de problème (rires).

    LSM : Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?

    S.R. : J’ai commencé à travailler dans le cinéma avant de faire le Conservatoire de Mons pour acquérir plus de technique et de savoir-faire. Je suis arrivée dans le cinéma complètement par hasard : j’étais dans une agence de pub, en tant que modèle, et on m’a contactée un jour pour un casting de court-métrage. De fil en aiguille, j’ai continué sur cette voie. J’avais dix-neuf ans.

    LSM : C’est votre premier long métrage, comment appréhende-t-on le passage du court au long ? Avez-vous eu besoin d’une préparation particulière ou cela s’est-il agencé tout naturellement ?

    S.R. : Les deux courts-métrages précédents m’ont servi de préparation : je connais Rachel Lang, le fait d’avoir travaillé plusieurs fois avec elle m’a aidée. Rachel aime que le jeu soit très naturaliste et il ne s’agit pas de construire un personnage même si, bien sûr, on a eu des répétitions.

    LSM : Qui est Ana, votre personnage ?

    S.R. : C’est une personne qui a mon âge, qui est un peu perdue au niveau de ce qu’elle a envie de faire de sa vie et ce film lui sert de parcours pour y voir plus clair. Ça lui donne une voie de réflexion. En allant chez sa grand-mère pour remplacer la baignoire par une douche, alors qu’elle n’a aucune notion de plomberie, elle a un motif pour reprendre sa vie en main et se donner un but, avoir une direction.

    LSM : Diriez-vous qu’Ana vous ressemble ?

    S.R. : Moi, j’ai un but dans la vie, en tout cas (rires). Je commence à savoir un peu où je vais. Peut-être qu’elle me ressemble un peu, à ce que j’étais il y a quelques années même si le jeu et le fait d’être actrice sont des choses qui me tiennent à cœur depuis quand même pas mal d’années maintenant. En cela, elle ne me ressemble pas après, au niveau de la sensibilité, d’une certaine façon d’être au monde, j’imagine qu’il y a quelque chose de similaire, oui.

    LSM : Quels sont vos projets en cours ? Vous réalisez vous-même pour le cinéma, avez-vous des choses en préparation, à ce niveau-là ?

    S.R. : J’ai réalisé un court-métrage, l’année dernière (Septembre, prix du jury au Festival International du Film francophone de Namur FIFF) et j’ai un projet de long-métrage en écriture. En tant qu’actrice, je tourne avec Alice Douard, la réalisatrice d’Extrasystole (2013), un court-métrage, à la fin de l’été.

    Propos recueillis par Justine Guillard

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