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    [BIFFF 2020 (ou presque)] Une chronique à base de choucroute (un de nos journalistes meurt)

    On ne va pas le répéter à chaque fois, le BIFFF est annulé. Les vacances de Pâques aussi, ça fait un mois que ces fichus gosses sont en vacances et que leurs parents s’obstinent à faire semblant de travailler à la maison. Mais qui dit annulation ou blocage à la maison, ne dit pas s’interdire ce plaisir coupable de regarder des films pourris, chelous, dingues, subversifs, dérangeants, gores, etc. Pour cela on a écumé les plateformes de VOD pour trouver un paquet de films correspondant à l’esprit de ce cher festival et vous partager deux trois idées pour pouvoir amener le BIFFF dans votre salon. Tuez encore ? Jamais plus !


    La Belle époque, true (old) man show

    La première nuit a été rude au BIFFF 2020, mais qu’à cela ne tienne, nous ne nous laissons pas aller ! Direction donc la séance de 14h, en pyjama. Et oui, comme souvent la séance de 14h est soporifique, même si La Belle époque nous change des films taïwanais. Mais rien à faire, il manque quelque chose pour que ce BIFFF démarre pleinement… l’odeur de choucroute !

    Ni une, ni deux, en bon Alsacien, Guillaume se propose d’aller au paki du coin pour acheter du bon chou à la saumure signé William Saurin. Dix minutes et 250€ plus tard, l’odeur de la choucroute étalée ci et là dans la salle Ciné 13 nous plonge dans l’ambiance. C’est parti pour La Belle époque de Nicolas Bedos !

    La Belle époque, c’est l’histoire de Victor (incarné par Franç… Daniel Auteuil), un sexagénaire qui ne sexe plus beaucoup et ne croque clairement plus la vie à pleines dents. Marianne (Fanny Ardant), sa mie, sa femme, commence à avoir du mépris pour lui et décide de le foutre à la porte… pour se taper son meilleur pote (big up, toi-même tu sais). C’est alors que son fils Maxime lui propose de revivre l’époque de son choix via un programme intitulé Les Voyageurs du temps. Victor décide alors de revivre l’instant où il a rencontré Marianne, en 1974 dans le café La Belle Époque à Lyon.

    Clairement, même si Nicolas Bedos n’a pas le poids d’un David Fincher et que Daniel Cluz… Auteuil n’a pas l’aura d’un Michael Douglas, La Belle époque est une comédie dramatique réussie, à cheval entre The Game et le Truman Show, excepté le fait que le protagoniste principal du récit soit conscient du jeu auquel il prend part. Rempli de nostalgie et indéniablement touchant, le long métrage s’appuie surtout sur ses acteurs que sont Daniel Auteuil (dans le rôle de François Cluzet), Guillaume Canet (qui a réussi à être réalisateur sans être derrière la caméra) et Doria Tillier, qui crève l’écran.

    Bref, une bonne première séance qui n’a certes rien à faire au BIFFF, mais qui a eu le mérite de nous creuser l’esprit et l’estomac. Sur ce, on va se faire un hot-dog avant d’interviewer Daniel Auteuil ! M.M.

    Bonus : l’interview qui n’a pas eu lieu : Daniel Auteuil

    Au pas de course, nous voici arrivés pour l’interview de Daniel Auteuil. Mais voilà, grosse déconvenue, celui-ci est déjà complètement booké et l’attaché de presse doit nous refuser au profit du blog « Quoi de neuf à la Porte d’Auteuil ? », un fanblog de Daniel Auteuil qui sort un article tous les ans depuis 1974.

    On ne fait clairement pas le poids, mais pas grave, on se sert un verre de suze !

    Countdown, toujours se méfier des applications gratuites

    17h51, il est temps de rejoindre la salle Ciné 13 pour admirer le film d’horreur pour ados de Justin Dec. L’avantage, c’est qu’on ne s’attend à rien puisqu’il s’agit du premier long métrage de l’intéressé. Installés confortablement dans la salle, une notification apparaît sur notre portable. C’est une pub pour télécharger l’application promotionnelle du film « Countdown App ». Décidément, les organisateurs du BIFFF ne manquent pas d’idées pour innover l’expérience des festivaliers. Ni une, ni deux, on télécharge. Pour ma part, il me restait encore de nombreuses années à vivre, mais pour mon voisin (un ex-journaliste sportif de La Capitale), l’application fut beaucoup moins généreuse : seulement 1h15 ! On en rigole derrière nos masques anti-Covid, le film va être bon, je le sens !

    L’histoire est celle de Quinn Harris, une infirmière qui télécharge l’appli – identique à la nôtre donc -. Selon cette dernière, il ne lui reste plus que trois jours à vivre et un compte à rebours s’enclenche alors. Je me tourne donc vers mon voisin, qui reçoit une notification sur son smartphone lui indiquant sa dernière heure. Petit clin d’oeil complice, on continue. Quinn constate alors que de nombreuses personnes ayant elles aussi utilisées l’application trouvent la mort à la fin du décompte. La gonzesse panique, d’autant qu’elle commence à voir des monstres partout tout comme le père de la famille Cullen dans Twilight, Peter Facinelli. Heureusement pour elle, pas d’Edward à l’horizon, mais la situation lui parait tout de même compliquée. C’est alors qu’elle fait la connaissance de Matt et de son père John, un spécialiste en démonologie tout droit sorti de la bibliothèque Chair de Poule. Ceux-ci vont alors combattre le démon et la mort !

    Disons-le, le film n’est pas très palpitant et tout est cousu de fil blanc. Mais l’essentiel n’est pas là. Non seulement, c’est assez jouissif, dans la même veine que Happy Birthdead, mais l’ambiance était de surcroît excellente dans l’assemblée. Excepté la panne de courant au trois-quart du film, l’équipe du BIFFF nous avait mis dans les meilleures conditions. Et pour cause, mon voisin est bien décédé d’un coup de hache dans la tête après une heure et quinze de bobines.

    Je recommande donc l’appli ! M.M.

    Furie  : un home invasion inversé (Guillaume Limatola)

    Il paraît que les chats transmettent désormais le virus. Ce n’est pas réellement prouvé, mais dans le doute, j’en ai quand même offert un à Matthieu Matthys, l’illustre journaliste qui n’hésite pas à m’envoyer chercher de la choucroute dans ses articles, parce que je suis alsacien. Je sais bien que l’on peut rire de tout, mais franchement, de là à m’imaginer manger du chou, il y a des limites, me dis-je en allant chercher des Flammekueches, non pas au paki du coin, mais au Lidl. Oui, j’ai des goûts de luxe. Sauf que, arrivé devant les portes de mon pèlerinage, voilà qu’un videur m’en interdit l’entrée (chose impensable, déjà parce qu’on n’est pas devant une boîte de nuit, ensuite parce que je suis blanc). J’ai beau lui dire que je viens là quasi tous les jours, que c’est ma deuxième maison, rien n’y fait. Je ne peux pas rentrer pour l’instant car il y a déjà du monde à l’intérieur.

    Et ne pas pouvoir rentrer chez soi car il y a déjà quelqu’un qui a pris possession des lieux, les héros de Furie connaissent bien ça. En rentrant de vacances, ils se voient refuser l’accès à leur propre maison, qu’ils avaient prêté à leur baby-sitter le temps de leur absence. Ayant signé un papier qui place cette dernière comme leur locataire, ils se voient de plus refuser l’aide de la loi. Inspiré par un fait divers avéré, le film va heureusement s’en écarter (avouons-le, des gens qui attendent un quelconque règlement administratif, c’est pas forcément ultra vendeur) pour s’aventurer vers des sentiers plus sinueux, voire carrément horrifiques. Mêlant plusieurs genres avec habileté jusqu’à un final d’une intensité saisissante, le long-métrage en profite également pour s’interroger sur les notions de masculinité, de virilité et sur le recours à une certaine forme de violence primitive. Furie se garde cependant bien d’apporter toutes les réponses aux questions qu’il soulève, évitant ainsi le manichéisme qui aurait pu le guetter au tournant. Un film brutal, original, intelligent et tendu, donc fortement recommandé  ! G.L.

    Guillaume Limatola et Matthieu Matthys

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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