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    [BIFFF 2020 (ou presque)] Le Tinder horrifique de Guillaume

    Trente-neuvième jour de confinement. J’ai passé une grande partie de mon temps à un tas de trucs vraiment constructifs : enchaîner les films improbables dans un état comateux, picoler ce que j’ai trouvé (car bizarrement les agents en faction dehors n’ont pas la même conception que moi des courses vitales) en sachant que je le regretterai le lendemain mais que ça ira parce que d’ici là j’aurai trouvé un nouveau truc à boire (bientôt ma chaîne youtube des meilleurs cocktails à base d’eau de cologne), se demander si son voisin ne serait pas un peu flippant (en deux semaines, il n’est pas sorti de chez lui, c’est louche), voire même sacrément flippant (Lara Fabian balancé à fond par la fenêtre, ça soutient qui à part la dépression et la folie ?), avoir peur de ramener un truc improbable à la maison et de s’en mordre les doigts (comme la fois où Tinder m’a conseillé le profil d’Olivier Eggermont), preuve que l’algorithme ne me connaît pas du tout, ou alors me connaît beaucoup trop, car mieux que moi-même, auquel cas ça fout sacrément les jetons). Et soudain se rendre à l’évidence : en fait, la quarantaine, c’est juste une version extended cut du BIFFF. Dont acte.


    Black christmas : tu t’ennuies ? #metoo ! 

    Réalisé en 1974 par Bob Clark, Black christmas est considéré comme l’un des pionniers du slasher. Le film ayant déjà souffert d’un remake moyen en 2006, Jason Blum a eu l’incroyable idée d’en produire une nouvelle version, histoire de bien achever les derniers bons souvenirs qu’il restait du long-métrage originel. Cette nouvelle cuvée commence pourtant de manière sympathique, avec son rythme frénétique et ses personnages attachants. Mieux, le début du scénario laisse entrevoir un fond de critique social bienvenu et plutôt bien amené, offrant une vision féministe en lien direct avec l’environnement des protagonistes, permettant d’espérer un divertissement plus malin que ce à quoi l’on pouvait s’attendre de prime abord. Mais, comme le dit si bien le dicton, l’espoir ne fait vivre que ceux qui n’ont pas vu les dernières suites de Terminator (mais laissez cette franchise tranquille !). Un twist maladroit situé à mi-parcours viendra en effet gâcher toutes les promesses de l’ouverture. Le fond en lui-même n’est pas réellement remis en cause, tant l’idée aurait pu transformer le film de Sophia Takal en satire mordante. Malheureusement, il ne fait que mettre en lumière ses vrais défauts, à savoir peiner à jongler avec les différents genres qu’il met en scène, mais surtout faire preuve d’une tiédeur en totale inadéquation avec son sujet. Trop peu drôle, malin ou corrosif pour se révéler ne serait-ce qu’un minimum pertinent ou subversif, et pas assez graphique pour constituer un slasher satisfaisant, ce Black Christmas version 2019 échoue sur à peu près tous les tableaux. Dommage. G.L.

    Coffee & Kareem : Tango et crash

    Avec Coffee & Kareem, Michael Dowse s’aventure à nouveau sur les terres du buddy movie à tendance action policière, après avoir réalisé le moyen Stuber. Le film s’intéresse à la cohabitation forcée entre un policier maladroit et le fils de sa petite amie, au milieu d’une sombre histoire de drogue et de corruption. Attendez. Un enfant débitant des punchlines hardcore au milieu d’un film adulte à la violence graphique, ça me rappelle les thématiques de quelqu’un. Mais oui, on me signale dans l’oreillette que le réalisateur a eu envie de transformer un premier essai passable en étant joyeusement accompagné dans sa tâche par l’un des spécialistes du genre, à savoir le génial scénariste de L’Arme fatale, Shane Black. Ah non, on me souffle que j’ai mal compris. Au temps pour moi. Je recommence : Malheureusement, il est cette fois accompagné de la version sous-marque Lidl du scénariste de L’Arme fatale, Shane Mack. Si, sur le papier, tous les ingrédients sont réunis pour aboutir à un divertissement rythmé et sympathique, l’air de déjà vu omniprésent, la prévisibilité du projet et l’humour bas du front génèrent finalement un ennui poli, malgré une poignée de scènes réussies (dont une amusante course poursuite sur un rond-point). Mais vu qu’on dit jamais deux sans trois, on attend tout de même la prochaine tentative du metteur en scène qui, s’il continue à son rythme, devrait sortir vers le milieu de la période de confinement, à savoir l’année prochaine. G.L.

    Shaun le mouton : la ferme contre-attaque 

    (Vu que le long-métrage est muet, et que qui dit BIFFF dit concept incroyable, notre rédacteur s’essaye à la critique silencieuse. Pas sûr que ça fonctionne.) 

    Snatchers : l’invasion vient du Mexique

    Présenté en séance de minuit (bon, techniquement 2h30, vu qu’il n’y a plus d’heure, ma bonne dame), Snatchers suit l’histoire de Sarah qui, suite à son premier rapport sexuel, tombe enceinte dès le lendemain, pour une grossesse accélérée (mais vraiment, genre quelque jours max) aux répercussions douloureuses et sanglantes. Si le pitch laisse craindre un long-métrage pro-abstinence, les réalisateurs Stephen Cedars et Benji Kleiman choisissent heureusement de plutôt miser sur la carte de la xénophobie, la menace venant du Mexique. Ouf, on l’a échappée belle ! En vrai, la menace est plutôt d’origine extraterrestre et quelques vannes se moquant ouvertement du racisme potentiel du sujet viennent rassurer le spectateur : il n’est pas tombé dans un long-métrage pro-Trump, mais bien dans une comédie horrifique débridée. Le film avance ainsi à un rythme effréné, en oubliant parfois la cohérence, mais tirant pleinement partie d’une énergie de chaque instant. Bien que l’on imagine le budget serré, on notera également que les effets à l’ancienne ont été privilégiés, apportant un certain charme à un long-métrage qui remplit pleinement son rôle de divertissement sympathiquement gore et sans prise de tête. G.L.

    Guillaume Limatola

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