Il est toujours là. Le Grand, le Beau, l’Excellentissime, L’instant VHS ! Il est même essentiel en cette période d’emmerdement permanent chez soi. C’est toujours le bonheur de reparler d’un film plus ancien, souvent culte, parfois oublié mais toujours intéressant à revoir. Si vous êtes vieux et que le dernier film que vous avez accepté de voir est Cléopâtre avec Elisabeth Taylor, si vous êtes trop jeunes et que pour vous le cinéma a commencé avec Harry Potter et Twilight, si vous êtes de la même génération que l’auteur et que vous souhaitez revoir ces films cultes qu’on oublie parfois, cette rubrique est faite pour vous. Sinon, vous pouvez toujours vous amusez à compter le nombre de pâtes ou de feuilles de PQ que vous possédez.
Les années 80 et 90 furent un âge d’or pour le cinéma de divertissement. À cette époque, Hollywood parvenait à fournir des productions de qualité, décomplexées et teintées d’une ambiance tout à fait particulière. Ces films, bon-enfant sans pour autant être dénués d’enjeux réels, sont aujourd’hui devenus des classiques de leur genre. Si nous nous souvenons tous avec nostalgie de séries à succès comme L’arme fatale, Die Hard et Le flic de Beverly Hills, on considère avec moins de plaisir l’existence de leurs suites. Die Hard 4 et 5 furent des échecs critiques retentissants et l’adaptation télévisée du Flic de Beverly Hills, supposée mettre en scène les aventures d’Aaron Foley (Brandon T. Jackson), le fils d’Axel (Eddie Murphy), n’a jamais été diffusée par CBS. Quant à L’arme fatale, d’aucuns ont enfoui le quatrième épisode de la franchise, et le reboot télévisé lancé par la Fox le 21 septembre 2016 reçu des critiques mitigées dès sa sortie – bien que la série soit doucement parvenue à trouver son rythme de croisière et sa personnalité propre.
Au milieu de tout cela se trouvaient des films plus modestes, parfois oubliés mettant en scène des acteurs moins connus du public européen, aujourd’hui tombés en désuétude ou tout simplement décédés. Chris Farley est de ceux là…
Chris Farley
Issu de la grande famille du Saturday Night Live, Chris Farley parviendra à percer au cinéma comme de nombreux autres humoristes révélés dans l’émission, tels Bill Murray, Dan Aykroyd, John Belushi, Will Ferell, Eddie Murphy, Tina Fey ou encore Mike Myers, pour n’en citer que quelques uns. Au début des années 90, Farley participe à de nombreux sketches avec, entre autres, ses comparses Adam Sandler et Chris Rock. Il fut véritablement remarqué lors d’un numéro hilarant de Chippendale aux côtés de Patrick Swayze, dans lequel il faisait preuve de capacités physiques étonnantes pour un homme de son gabarit (http://www.dailymotion.com/video/xai10q_chris-farley-swayze-video-google-vi_fun).
Suite à cette mémorable percée, les scénarios commencèrent à atterrir sur sa table de chevet et, peu à peu, l’acteur devint l’un des comiques les plus estimés de sa génération, tournant dans des films devenus cultes au fil du temps comme Tommy boy ou Black Sheep, ou dans le clip Soul to Squeeze des Red Hot Chili Peppers.
Après ces deux tournages, débutera celui de Beverly Hills Ninja.
Le ninja de Beverly Hills
La légende raconte qu’un jour, un enfant étranger sera amené à devenir le plus grand de tous les ninjas. Ainsi, lorsque s’échoue sur les rives du Japon un panier contenant un bébé, les membres du clan à l’origine de la découverte décident d’accueillir celui-ci et de l’élever comme l’un d’entre eux. Les années ont passé et Haru (Chris Farley), devenu pataud et obèse, peine à suivre les enseignements de son Sensei, alors que son frère adoptif, Gobei (Robin Shou), est devenu le meilleur de tous.
Un jour, alors que Haru est seul dans le dojo, une superbe blonde se présente sous le nom de Sally Jones (Nicollette Sheridan) et requiert l’aide des ninjas afin de révéler les activités de son mari contrebandier. Désireux d’impressionner la belle et de prouver sa valeur auprès des siens, Haru s’envole pour Beverly Hills. C’était sans compter sur la bienveillance de son père adoptif qui, connaissant la maladresse du « ninja blanc », charge Gobei de le suivre et de le protéger.
Les bases sont ainsi lancées pour une comédie grandiloquente sans grande prétention dans laquelle Chris Farley va pouvoir en faire des tonnes en hurlant et en bondissant dans tous les sens. Car, il faut l’admettre, Le ninja de Beverly Hills n’est pas un grand film. Cependant, il s’en dégage une atmosphère étrange : les gags sont convenus, les personnages stéréotypés et, pourtant, on se laisse aisément prendre au jeu. Pour ne citer qu’un exemple parlant, lors de son arrivée à Beverly Hills, Haru peine à conduire sa voiture et s’entend dire « Merci, sale con » par un automobiliste exaspéré. Croyant qu’il s’agit d’une formule de politesse, notre héros répétera la chose à chacun de ses interlocuteurs durant les deux ou trois séquences suivantes. La plaisanterie s’est vue à l’époque dans le film « Mr Bean », où le « sale con » était substitué par un doigt d’honneur, ou plus récemment dans « Bienvenue à Marly Gomont », dans lequel Anne Zantoko (Aïssa Maïga) gratifie chaque villageois d’un amical « Vindiou ». Pourtant, l’interprétation de Chris Farley donne à cette plaisanterie bateau une saveur particulière. Une des qualités du film réside donc ici dans le dosage de l’humour et la capacité scénique de son acteur principal. Comme dans son sketch ‘Chippendale’ au Saturday Night Live, on appréciera ici encore certaines de ses capacités physiques, non sans rappeler une autre icône du SNL : le regretté John Belushi et son énergie débordante.
En réalité, Le ninja de Beverly Hills ne brille ni par son originalité ni par sa qualité. Mais il possède cette énergie typique des productions des années 90 que l’on retrouve par exemple dans l’excellent « Jumeaux » d’Ivan Reitman ou quelques films mettant en scène John Goodman à la même époque. Il s’agit d’un petit film sympathique qui donne sa saveur aux après-midi d’hiver blottis devant la télévision. Plus encore – et certains l’auront peut-être remarqué à la lecture du synopsis –, le film s’avère au final être une sorte de Kung-Fu Panda avant l’heure : un enfant adopté est considéré malgré sa maladresse comme l’élu d’une prophétie selon laquelle il serait destiné à devenir le plus grand des ninjas. Personne ne croit réellement en lui jusqu’à ce que l’occasion lui soit donnée de montrer qu’il est autre chose qu’un gourmand au grand cœur !
La qualité de ce Beverly Hills Ninja réside donc surtout dans son innocence, et le présent article doit probablement son existence à la nostalgie d’un dimanche après midi passé à dévorer des Melo-Cakes devant la télévision… Mais au final, c’est un peu ça qui fait que l’on aime revoir certains films : la nostalgie des heures perdues.
Pour apprendre quelque chose d’intéressant : Le ninja de Beverly Hills est le dernier long métrage sorti du vivant de Chris Farley. L’acteur succomba à une overdose peu de temps après sa sortie. Ses deux derniers films, Almost Heroes et Dirty Work furent donc diffusés à titre posthume. En 2015, sortait un documentaire très intéressant concernant l’acteur : « I am Chris Farley », réalisé par Brent Hodge et Derik Murray. D’un point de vue musical, les Red Hot Chili Peppers réaliseront un hommage au regretté comédien sur l’album Californication avec la chanson Purple Stain : « Farley is an angel and I can prove this ».
Juste pour ne pas mourir idiot : Chris Farley devait, à l’origine, prêter sa voix au personnage de Shrek. Il enregistra plus de 90 % de ses dialogues. Après sa mort, ceux-ci furent entièrement réenregistrés par Mike Myers, probablement afin de garantir l’homogénéité vocale dans les suites de la franchise.