Titre : Hypnotisés
Auteur : Dr Nicholas Kardaras
Editions : Desclée de Brouwer
Date de parution : 12 février 2020
Genre : Essai, Sciences humaines, Santé
Diplômé de l’université des sciences du Bronx ainsi que de l’université de Cornell, le docteur Nicholas Kardaras est un expert réputé en addiction. Il a également enseigné la neuropsychologie à l’université de médecine de Stony Brook. Actuellement, il travaille comme directeur exécutif de Dunes East Hampton, une clinique de désintoxication de luxe qui a accueilli de nombreuses célébrités en ses murs.
Dans ce livre, Dr Nicholas Kardaras traite d’un sujet d’actualité qui intéressera de nombreux parents : la place et les conséquences des écrans dans la vie des enfants. Dans une société où le virtuel a pris une place dominante et grandissante, nous nous questionnons sur l’impact du monde numérique sur le cerveau de nos enfants.
Dès l’introduction, le ton du livre est donné puisque l’auteur décrit les jeunes utilisant les écrans (de téléphone, d’ordinateur, de tablette, …) comme des personnalités zombifiées ; la tête baissée, les yeux vitreux et le visage juste éclairé par la lumière bleue, nocive et non naturelle des appareils. L’auteur précise néanmoins que ce livre n’est pas un réquisitoire contre la technologie mais plutôt une source d’information pour les adultes qui souhaitent comprendre la société dans laquelle ils vivent et comprendre les dangers cliniques et neurologiques qu’une exposition excessive aux écrans peut avoir sur leur progéniture.
Pour servir son argumentation, Kardaras a divisé son ouvrage en plusieurs thèmes, études et témoignages de parents et de scientifiques renommés. Nous passons de « l’invasion des hypnotisés », aux « drogues numériques » en passant par « les troubles cliniques » et « l’agressivité ». L’auteur traite du numérique au sens général, car il parle aussi bien des e-games, des réseaux sociaux, d’Internet que des avatars ou de Second Life. Cependant, les thèmes et exemples donnés dérivent toujours dans des scénarios catastrophiques et pessimistes : un enfant qui passe son temps sur les jeux vidéo peut devenir dépendant et se priver de manger ou de dormir ; il risque également de développer des TDA/H et des symptômes proches de la schizophrénie. Les réseaux sociaux sont semblables à de l’huile que l’on jette sur le feu de la fragilité psychologique et peuvent pousser au suicide. « Les prédateurs sexuels ont maintenant libre accès à la chambre de votre fille ; ils entrent par la grande porte, outrepassant les barrières que vous avez dressées, pour arriver directement sur ses genoux, via son ordinateur portable ».
La démonstration finale tend à prouver que les écrans ont les mêmes effets que la cocaïne sur le cerveau des enfants. Bref, après la lecture de ce livre, les parents seront informés mais ne voudront plus jamais laisser un écran à portée de main de leurs enfants.
Le livre est bien écrit et comporte de nombreuses sources scientifiques très intéressantes, mais nous déplorons son côté profondément alarmiste qui n’apporte pas de véritables solutions. Nous ressentons évidemment toute l’expertise et l’étendue des connaissances de l’auteur au fil du livre. Cependant, les témoignages et expériences des familles présentées dans cet ouvrage sont toujours des personnes extrêmement aisées. Cela est normal puisque Dr Nicholas Kardaras parle essentiellement des patients rencontrés dans sa clinique de désintoxication, Dunes East Hampton, dont le « séjour » coûte environ 75 000 dollars par mois. Certains témoignages sont dès lors déconnectés de la réalité de la majorité des lecteurs.
Parmi les annexes, il y a d’ailleurs une publicité pour sa clinique où le Dr Nicholas Kardaras vante les bienfaits d’un nouveau traitement : la marinothérapie, où votre enfant « fera un voyage d’un ou plusieurs jours avec des arrêts dans divers ports intéressants le long des côtes de Long Island, du Connecticut et du Massachussetts ; pendant le froid des mois d’hiver, les excusions partent des côtes de Floride ! ».
De plus, le profil du lecteur de ce livre n’est pas clair. En effet, il est normalement dédié aux parents mais ceux-ci sont parfois oubliés au profit d’un discours extrêmement scientifique. Il y a également des passages spécifiques pour les jeunes où l’auteur distille des exemples de « The Walking Dead » ou de « World of Warcraft » pour étayer son propos, mais de manière confuse et mal assurée.