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    « Les corps abstinents », se réconcilier peut-être avec nos propres moments de peu

    Titre : Les corps abstinents
    Autrice : Emmanuelle Richard
    Editions : Flammarion
    Date de parution : 12 février 2020
    Genre : Essai

    La sexualité. Ce continent qui tient autant de l’intime que du public.

    Il est plutôt établi que la norme se trouve dans une sexualité épanouie, régulière, jouissive et libre. Que le corps s’accomplit dans cet acte intime devenu soit ressort scénaristique putassier pour vendre un produit, soit jauge oppressante de sa bonne santé personnelle.

    Qu’en est-il alors de ces personnes qui ne font plus l’amour ? Qu’en est-il de ceux qui se retirent de la sexualité pour vivre, ressentir d’autres émotions, d’autres sensations ? Qu’en est-il de ces fameux corps abstinents ?

    Chacun arrive à l’abstinence par des voies et des raisons différentes. Qu’ils soient subis ou choisis, les motifs sont multiples ; une déception amoureuse, un sentiment d’être inadapté aux relations de couple, le manque d’intérêt pour le sexe, le besoin de se détacher d’une norme écrasante ou un retour à soi paisible loin des tourments de la chair. Dans l’imaginaire collectif, l’abstinence a deux raisons d’être : soit l’abstinence religieuse, soit l’abstinence découlant d’un manque de partenaires. Avec ce livre, il nous est donné d’appréhender d’autres réalités se situant entre ces deux extrêmes.

    L’écrivaine Emmanuelle Richard est allée à la rencontre de plus d’une trentaine de personnes qui se sont livrées à elle, tentant de définir l’abstinence et de remonter à l’origine de ce choix ou non-choix.

    Ce livre n’a pas pour volonté de définir et de circonscrire nettement cet état, il a pour vocation de laisser parler d’autres langues, d’autres visions des relations. Et il permet en même temps à l’écrivaine de se dévoiler sur ses propres périodes d’abstinence et de poser, elle aussi, un regard questionnant sur ses motivations.

    Les corps abstinents est un hybride maladroit entre le livre confidence et l’essai sociologique.

    L’alchimie est difficile à obtenir, elle se heurte à un mélange des tons, un air dissonant tout le long de la lecture. Les deux angles d’approche ne sont pas incompatibles, loin de là, ils auraient pu apporter une vision nouvelle et offrir un espace neuf pour un dialogue inclusif et non-jugeant. Mais le mélange des genres ici ne réussit pas et peut désarçonner le lecteur.

    Le livre d’Emmanuelle Richard reste tout de même pertinent et intéressant. Tout comme le fond qui devrait largement prendre le dessus sur la forme.

    Un conseil de lecture pour se réconcilier peut-être avec nos propres moments de peu.

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