Depuis 2015, le Festival de Liège et La Chaufferie-Acte1 proposent FACTORY, un moment entièrement dédié à des compagnies et des artistes émergents (voir notre interview de 2015). Ce festival offre une visibilité aux artistes en proposant une programmation inédite, destinée tant à un public curieux qu’à la presse et aux programmateurs belges et internationaux.
Fidèle aux principes de «fabrique» et de «laboratoire», FACTORY propose de découvrir différents projets à différents stades de développement. Certains sont aboutis, d’autres se montrent à un moment clé de leur construction nécessitant une première confrontation au public, d’autres encore présentent une première lecture ou récit d’une recherche artistique pour recueillir les impressions et nourrir les imaginaires nécessaires à la création.
On a pu découvrir en avant-première des spectacles aboutis (voir plus bas) mais aussi quatre étapes de travail ou présentation de projet : Continent noir (un spectacle prometteur de Sarah Espour mélangeant musique, chant et théâtre sur la quête d’une jeune fille de 20 ans qui rêve d’échapper à son destin, de se révolter, quitte à prendre la mauvaise voie), Avez-vous intégré le principe de la réussite (l’histoire d’une chômeuse de 45 ans qui se retrouve au bureau des Objets perdus où personne ne vient jamais. Un mélange de jeu d’actrices, de vidéo, de sons et de marionnettes), Tu seras un homme mon fils (la recherche d’un père, qu’il n’a pas ou peu connu, d’Emmanuel De Candido à travers trois continents) et enfin Le Site (Le Site est un lieu qui est mu et qui se meut. On en saura pas beaucoup plus sur ce concept mystérieux et intellectualisé de Nicolas Mouzer Tagawa).
Je suis une histoire
D’un côté, à l’écriture et l’interprétation, Anthony Foladore (aperçu dans Ennemi public saison 1 et 2) et de l’autre, à la composition et à l’interprétation musicale, Simon Fransquet (Magritte de la meilleur musique de film l’année passée). Leur objectif ? Racontez une histoire de village comme il y en a dans tous les villages ou presque. D’explorer les différents personnages qui composent cette communauté, de la joie des racines au malheur des rejetés. Le duo fonctionne à merveille et l’alchimie entre l’interprétation de Foldaore et la musique de Fransquet emporte le spectateur littéralement au milieu du café Le Lautrec.
Cowboy
Delphine De Baere et sa troupe de comédiens (Bastien Montes, Boris Prager, Damien Trapletti, Marthe Wetzel) nous emmène dans un western théâtral et absurde. Au milieu de la chaleur et le sable, on rencontre Jo la Botte qui cherche son chien Doggy qui a mystérieusement disparu ; Job qui peste, excédé par des siècles de bêtise humaine ; Mickie qui, à bout d’humiliations, dit qu’elle va partir pour de bon cette fois-ci ; Georges qui raconte n’importe quoi à n’importe qui pour masquer sa peur du vide. La plongée dans un cet univers poisseux et l’humour absurde sont réussis et fonctionnent, même si on ne sait pas toujours où De Baere et ses comédiens veulent nous emmener.
Bruits d’eau
Martine De Michele et Hugo Pereira de Castro s’attaquent au texte de Marco Martinelli. Un texte dur qui parle d’un personnage, sur une île, qui observe les embarcations de fortune qui sont venues et viennent encore s’y échouer en déversant leur quota de morts. Youssouf, Sakinah, Jasmine, Jean-Baptiste… Il redonne vie à ces femmes, hommes et enfants qui ont fui leur pays. Et surtout il compte, encore et encore, le nombre de vies brisées, de rêves fracassés contre le mur du destin… Le début déconcerte, on n’arrive pas à totalement rentré dans l’histoire qui nous est racontée. Et petit à petit, à force de chansons puissantes et des histoires de Jasmine ou Jean-Baptiste on plonge totalement dans le récit que l’on nous présente.
Home
Magrit Coulon et les comédiens Carole Adolff, Anaïs Aouat, Tom Geels s’intéressent à la vieillesse, à la vie dans les homes et l’étrangeté qui règne dans ces lieux. Pour cela, on va suivre trois vieillards au milieu de leur maison de retraite où il ne se passe rien, où on attend le médecin, une visite, un appel. Que faire quand les plantes vertes se transforment en forêt de sapin, que la tempête arrache les murs et qu’il n’y a personne pour servir le prochain repas ? La performance des comédiens est impressionnante. Il se fonde dans la peau d’une personne âgée, sans maquillages, sans déguisements, sans artifices. Seul l’attitude, la pose, un doigt qui tremble, des pas lents et hasardeux ainsi que les voix pré-enregistrée des résidents du home Malibran à Ixelles, serviront à symboliser les personnages. Un décor qui partira de plus en plus à vau-l’eau achève de faire de Home une belle réussite émouvante et originale.
Carnage
Si on a parfois l’impression d’assister à un retour dans les années 90 et qu’il faut un peu de temps pour comprendre le but du spectacle, on ne peut pas nier que personne ne reste indifférent à cette ambiance si particulière qu’ils arrivent à mettre sur scène. Du côté de l’interprétation, on peut être perplexe face aux chorégraphies animales et frénétiques mais on s’incline devant la puissance de certains comédiens et un texte souvent percutant.
Un loup pour l’homme
Un Loup pour l’homme est une pièce qui comporte un message fort bien que pas toujours compréhensible pour un public non averti. Pourtant, les questionnements qu’elle entraîne sont agréables à vivre, loin d’être pesants. L’ambiance de la pièce, grâce à ses touches d’humour, nous rappelle que tout peut être risible et que ce que l’on est n’importe réellement qu’à nous-même.
Informations pratiques :
Pass FACTORY : 16€
6 SPECTACLES + 3 ETAPES DE TRAVAIL + 3 PRéSENTATIONS DE PROJETs + 1 vidéo
Le Pass Factory est valable les 4 jours et donne accès à toute la programmation.
Les spectacles Home – Bruits d’eaux – Je suis une histoire – Carnage – Un loup pour l’homme – Cowboy
sont également accessibles hors Pass Factory au prix de 14€/place (tarif plein) et 12€/la place (tarif réduit).
Plus d’informations sur : https://www.festivaldeliege.be/