Titre : Juste parmi les hommes
Auteur : François Dupaquier
Editions : Fayard
Date de parution : 25 septembre 2019
Genre : Roman
Juste parmi les hommes est le récit d’un scandale humanitaire et conjointement celui de la quête de vérité d’un homme, Ali, un Syrien ayant combattu au sein de l’Armée Syrienne Libre. Ce roman d’un peu moins de 500 pages présente une intrigue extrêmement documentée. Et pour cause : François Dupaquier est spécialiste des terrains de conflit et de la réponse humanitaire. Il a travaillé en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en RDC, en Géorgie, au Sahel et en Afrique centrale. Le conflit syrien et ses conséquences humanitaires sur les populations n’ont aucun secret pour lui. Aussi producteur et auteur de réalisations audiovisuelles, François Dupaquier enfile la casquette de romancier pour la première fois.
Complété par un glossaire, Juste parmi les hommes constitue une source d’informations non négligeable sur le conflit syrien, tout en restant pleinement une oeuvre de fiction. Bonne nouvelle : on ne se retrouvera pas largué même si on n’y connait rien. Pas un seul instant.
La prose de Dupaquier est agréable, bien que ponctuée par des descriptions un peu journalistiques et parfois parasitées par des précisions inutiles à l’intrigue (on repère là le souci du détail d’un homme qui aime (se) renseigner). Sa plume parvient tout de même à transmettre beaucoup d’émotions – elles sont d’ailleurs le moteur de chaque personnage. Quelles émotions ont poussé celui-ci à bombarder des civils ? Quelles horreurs et quelles violences à subies celui-là pour rallier les rangs terroristes ?
Malgré une plongée dans leurs ressentis, les personnages demeurent un peu trop manichéens : le jeune héros torturé, contraint de combattre malgré lui (mais c’est uniquement pour le bien) et son ennemi juré, un agent secret russe caractérisé par la froideur et l’absence d’empathie (lui c’est le grand méchant). Aussi, les descriptions des femmes révèlent une plume masculine. Jolies et athlétiques, les femmes, même si bon, d’accord, on voit l’effort : Dupaquier ne manque pas de les faire courageuses et battantes. On a ainsi Zoé, la jeune journaliste française avec laquelle Ali entame sans surprise une histoire d’amour pas forcément indispensable, qu’elle suit aveuglément dans une aventure d’un danger sans nom et qui lui sert plutôt de faire-valoir (oh mon Dieu, j’aime cette femme mais j’ai une mission à accomplir et de plus, je suis dans un état émotionnel instable).
Certaines scènes très violentes et très détaillées s’avèrent difficiles à lire, et elles sont d’autant plus insoutenables qu’elles sont inspirées de la réalité. Que cela n’empêche personne de se plonger dans le récit car il est loin d’en être truffé.
De la Syrie aux Etats-Unis en passant par l’Europe, ce roman plein de douleur, d’espoir et d’action parvient à faire voyager ses lecteurs et à les surprendre. La poésie y soigne les âmes et les tendres amitiés font barrage à la haine. Un beau roman.