Les Enfants du temps
de Makoto Shinkai
Animation
Avec Kotaro Daigo, Nana Mori, Sei Hiraizumi, Yûki Kaji
Sorti le 29 janvier 2020
S’étant fait connaître d’un public plus large et ayant atteint un état de grâce avec son précédent film d’animation, Your Name, Makoto Shinkai continue, avec Les Enfants du temps, de creuser une même veine, présidée par une inversion des enjeux entre l’avant-plan et l’arrière-plan, entre un habillage de film de fantasy – lequel finit dans les deux cas par apparaître comme un contexte, voire un prétexte – et ce qui travaille profondément l’auteur et ses films, à savoir l’histoire d’amour adolescente, dans tout ce qu’elle peut impliquer d’irréalisme ou d’irréalité, trouvant donc dans le contexte fantastique le terrain le plus propice à son épanouissement.
Après s’être intéressé au temps, dans le sens chronologique du terme à travers un paradoxe temporel intervenant comme une sorte de twist narratif dans la dernière partie de Your Name, Makoto Shinkai aborde donc le temps, dans le sens météorologique du même terme, avec le présent film. Se situant dans un Tokyo anticipatif, assailli par les pluies de plus en plus diluviennes, Les Enfants du temps suit la rencontre et l’amitié/amour naissant(e) entre Hodaka et une jeune fille possédant le pouvoir surnaturel d’interrompre la pluie en invoquant le soleil.
Si le film emprunte le chemin d’un récit linéaire cédant aux sirènes du rebondissement et aux impératifs de la narration, c’est finalement dans ce qui apparaît d’abord comme un sous-texte pour en bout de course s’affirmer comme le véritable sujet du film qu’il trouve sa beauté et sa singularité. Au-delà même de l’aspect romantique ou « poétique » de la prégnance du sentiment et de la description dissimulée de la naissance de celui-ci, Les Enfants du temps trouve surtout sa signification et sa raison d’être dans le geste final accompli par le personnage principal – et avec lui dans un même élan par le film dans son ensemble – : faire le choix de sauver un individu, un personnage en particulier plutôt que d’entériner son sacrifice à la cause commune, affirmant ainsi une dernière fois la primauté de l’histoire d’amour personnelle, de l’intime, sur le récit fantastique et/ou catastrophe.