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    Knives Out : un Agatha Christie sauce ketchup

    Knives Out
    (A couteaux tirés)
    de Rian Johnson
    Policier, Comédie, Drame
    Avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas
    Sorti le 27 novembre 2019

    L’écrivain à succès Harlan Thrombey est mort. Tel un personnage d’une littérature qu’il semble bien connaître, il est retrouvé la gorge tranchée dans son grand manoir de vieux bourgeois anglais. Tout laisse à penser que le vieil homme s’est suicidé. Tout, sauf la présence de Benoît Blanc, un célèbre détective décidé à résoudre l’énigme de ce qui lui semble être un crime maquillé. Et comme un Sherlock Holmes, ou plutôt un Poirot, des temps modernes, il interroge un à un les membres d’une famille désunie, avides d’un héritage qu’ils pensent leur revenir de droit.

    Difficile en découvrant ce scénario de ne pas penser : « J’ai l’impression d’avoir déjà lu ça quelque part ». Rien de plus normal. Car Rian Johnson ne s’en cache pas : après s’être attaqué à Star Wars, c’est à l’univers d’Agatha Christie qu’il décide de rendre hommage. Et si l’Américain n’adapte pas telle quelle une des histoires de la célèbre romancière anglaise, c’est pour mieux pouvoir s’approprier les codes qu’elle a mis en place. Car l’heure est à l’inspiration et non à l’adaptation. Johnson veut faire, à partir du monde d’Agatha Christie, un film qui lui serait propre et qui s’inscrirait dans une époque et dans une culture qui est la sienne.

    C’est ainsi qu’on se retrouve dans Knives Out, avec une ambiance vieille Angleterre mais un humour et une direction d’acteur qui rappelle celle des comédies américaines d’aujourd’hui. Et mieux encore, Johnson ne se contente pas de mélanger les genres, il rassemble les époques. Car le manoir entièrement décoré sous le signe de l’époque victorienne – on admire au passage le travail de scénographie qui est probablement le vrai plus de ce film – contraste avec le présent dans lequel se déroule l’histoire.

    Malheureusement, ce n’est pas parce qu’une mise en scène semble originale qu’elle fonctionne. L’humour gras américain vient trop souvent bousculer la finesse et la pudeur de l’ambiance britannique. Et ce n’est pas le seul problème. Knives Out souffre de l’opposition des codes qu’il tente de marier, alors que le côté Cluedo a pour but de balader le spectateur, la comédie américaine le conforte dans une narration encore trop téléphonée. On devine aisément les enjeux, voire pour les plus alertes, le dénouement de l’histoire.

    Finalement, si ce « whodunit » traite de sujets intéressants tels que le dépassement des frontières érigées par les genres ou encore la manière d’aborder le mensonge à l’écran, la mise en application de ces idées est un peu grossière. Et la construction de personnages stéréotypés, surjoués – et pourtant interprétés par des acteurs reconnus – vient rajouter une couche de lourdeur à une œuvre déjà malheureusement trop épaisse. En somme, c’est divertissant mais ça aurait pu être mieux.

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