Titre : Au Poiss’ d’or
Auteur : Alec Scouffi
Editions : Séguier
Date de parution : 7 mars 2019
Genre : roman
Chanteur lyrique, poète et romancier, Alec Scouffi vécut dans le Paris des années 20 jusqu’à son assassinat en 1932. En 1929, il publiera Au Poiss’ d’or, un roman qui plonge le lecteur dans le monde interlope parisien des années folles. Tombé depuis dans l’oubli, il est ressuscité cette année par les éditions Séguier, découvrant devant nous un monde aujourd’hui disparu.
P’tit Pierre s’ennuie à Saint-Germain-en-Laye et rêve de faire le tour du monde. Il dérobe un soir une liasse de billets dans la caisse de la boulangerie de son beau-père et fugue en direction de Paris. Il y restera finalement accroché et forcé de se prostituer pour payer sa nourriture et sa chambre à l’hôtel du Poisson d’or. Se faisant baptiser Chouchou, il usera alors ses semelles sur les trottoirs de Pigalle, offrant son corps et sa figure de jeune fille aux michés de Montmartre, jeunes ouvriers trop pauvres ou vieux mondains dégueulasses. Le tout sous la protection de l’intriguant Julot, de la vieille Bijou, du peintre Maxwell et de Louise, dont il tombe amoureux.
Nageant d’illusions en illusions perdues, de passes clandestines en bals orgiaques, il devra faire face à la misère, la trahison, la prison, la maladie, l’isolement, la dissimulation et la décrépitude du corps et de l’esprit.
Malgré un tableau parfois sordide, l’humour et la légèreté y ont parfois une place bien présente, que ce soit à travers la naïveté de P’tit Pierre ou le langage canaille des personnages. (« Et pis, tu sais, Louise, j’ai plus envie de partir, oh ! mais plus du tout [..] ; j’sais même plus si j’veux quelq’chose. Paname, c’est-y déjà pas l’tour du monde ? Et si j’restais avec toi, tu m’raconterais encore bien des histoires que j’sais pas, comm’ autrefois m’man quand j’tais tout p’tit ? ») Un langage dont, à certains moments, on ne comprend « qu’dalle et qu’pouic » mais qu’on apprend à facilement décoder dans le contexte du récit.
Si on ne peut parler de roman autobiographique, on sent tout de même que l’auteur parle d’un environnement qu’il a connu. Au moyen d’une écriture poétique et truculente, il parvient à transporter le lecteur dans ces bas-fonds de la société parisienne d’entre-deux-guerres. Une écriture qui, en dépit d’une fin un peu prévisible, donne au final une impression de lecture agréable.