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    By the Name of Tania : objet hybride, entre documentaire et fiction

    By the Name of Tania
    de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez
    Drame
    Avec Fiorella J. Aquila, Tanit Lidia Coquiche Cenepo
    Sorti le 23 octobre 2019

    Sélectionné au Festival de Berlin ainsi qu’au FIFF de cette année, By the Name of Tania raconte l’histoire de Tania, jeune fille qui, à la suite de circonstances inattendues, est forcée de se prostituer, quelque part dans la région des mines d’or en Amazonie.

    Les réalisatrices, Bénédicte Liénard et Mary Jimenez, dont le film est le troisième projet commun, se sont basées sur des témoignages réels pour constituer leur film, objet hybride, entre documentaire et fiction.

    L’histoire de « Tania » est non seulement créée à partir de bribes de nombreuses autres, mais en est aussi le reflet. C’est par l’usage d’une voix off presque omniprésente, celle de « Tania », que l’on nous relate son propre parcours ; depuis les belles (mais surtout fausses) promesses d’avenir, de bonheur et d’argent, qui précèdent son enlèvement, jusqu’à la livraison de son témoignage dans un poste de police.

    Tania est donc centrale, par les mots que l’on entend et qu’elle nous dit, mais aussi par sa présence presque constante à l’image. En arrière-plan : certaines reconstitutions de scènes, jamais trop graphiques (les mots suffisent amplement) ou de magnifiques paysages… qui permettent « de placer le décor » et de montrer un environnement tout en contraste.

    Une forme d’austérité et de froideur se dégage du métrage, telle une poésie lugubre, dont l’on ne nous délivre jamais la fin, ni tous les éléments. L’on s’étonne, de prime abord, de l’absence d’émotion dans les voix, toujours monocordes. Rapidement cependant, l’on en comprend la raison ; une implication émotionnelle plus importante aurait risqué de sombrer dans une forme de grossièreté, mais surtout, pour Tania, plus rien n’a d’importance : tout, plus que tout, a été détruit autour d’elle, jusqu’à en perdre sa propre identité, à en oublier son nom… Le temps, lui-même, s’oublie, les évènements se succèdent sans réel lien et ne s’en dégagent plus que l’horreur et la perte, de soi et de l’espoir. « Tania » n’est d’ailleurs qu’un nom d’emprunt, son usage et son histoire permettent de poser un visage et une voix sur celles de nombreuses autres jeunes femmes.

    By the Name of Tania se révèle en définitive un film difficile à aborder, d’une part en raison des thèmes qu’il aborde et d’autre part, par les choix de réalisations effectués, lesquels demandent une certaine implication de la part des spectateurs et pourraient en dérouter certains. L’œuvre n’en est pas moins, que du contraire, puissante et d’une grande force.

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