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    Le présent qui déborde, entre fiction et réalité

    De et par Christiane Jatahy, D’après L’Odyssée d’Homère, Avec Abbas Abdulelah Al’Shukra, Abdul Lanjesi, Abed Aidy, Adnan Ibrahim Nghnghia, Ahmed Tobasi, Bepkapoy, Blessing Opoko, Corina Sabbas, Emilie Franco, Faisal Abu Alhayjaa, Fepa Teixeira, Frank Sithole, Iketi Kayapó, Irengri Kayapó, Ivan Tirtiaux, Jehad Obeid, Joseph Gaylard, Jovial Mbenga, Kroti, Laerte Késsimos, Leon David Salazar, Linda Michael Mkhwanasi, Manuela Afonso, Maria Laura Nogueira, Maroine Amimi, Mbali Ncube, Melina Martin, Mustafa Sheta, Nambulelo Meolongwara, Noji Gaylard, Ojo Kayapó, Omar Al Jbaai, Phana, Pitchou Lambo, Pravinah Nehwati, Pykatire, Ramyar Hussaini, Ranin Odeh, Renata Hardy, Vitor Araújo, Yara Ktaish Au Théâtre National du 1er au 12 octobre 2019. Crédit photo : Paulo Camacho

    Le présent qui déborde est le deuxième volet de l’adaptation de L’Odyssée d’Homère par Christiane Jatahy. Du théâtre-cinéma qui nous offre une belle relecture du présent par le biais d’un mythe du passé.

    Entre théâtre-documentaire, jeu d’acteur, témoignages et cinéma, ce spectacle annonce déjà dans sa forme son désir de traverser les frontières afin de mieux partager la réalité de son sujet, l’exil et les conséquences qu’il entraine pour chaque individu de par le monde. Des conséquences au niveau familial, identitaire et psychologique. Un quotidien difficile pour des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants exilés qui, comme Ulysse, éprouvent le besoin irrépressible de retrouver leur « Ithaque » natale.

    La représentation débute par des images et des témoignages projetés pour ensuite se mêler aux voix des acteurs en direct dans la salle. Un dispositif ingénieux qui tend à rendre les frontières poreuses entre la fiction du texte homérique et les réalités quotidiennes qui nous sont racontées. De cette manière, nous pouvons entendre le célèbre passage du « Cyclope », chez qui Ulysse et ses compagnons avaient espéré trouver refuge, tout en ouvrant notre esprit à ce que cette métaphore pourrait vraiment signifier dans notre monde actuel. Un mécanisme qui permet au spectateur de se laisser emporter à son tour dans ce long périple à la fois légendaire et contemporain. C’est ainsi que loin de tout pathos et dans une joie inattendue nous allons être amener à partager avec eux, à écouter et à voir ces êtres humains à la place desquels nous aurions pu être.

    A cette dimension de partage va s’ajouter celle de l’ironie du système mis en place qui ne permet que difficilement de retourner dans son pays. L’objectif ne sera pas de désigner un fautif, mais d’exposer la réalité des choses. Nous apprendrons que Yara Ktaish, de retour en Syrie, a été emprisonnée sans raison pendant 47 jours, parce que cela permettait au pays d’avoir plus de fond pour la cellule anti-terroriste. Elle a ensuite été relâchée avec comme seule preuve de sa liberté un cachet sur la main. La pièce abordera également le sujet de la forêt amazonienne, une source de vie et l’habitat d’indigènes qui est menacée au prorata du profit que sa destruction pourrait engendrée… Des réalités qui ne peuvent que nous faire réfléchir.

    Le présent qui déborde est un spectacle qui a su nous faire partir à la rencontre des Ulysse d’aujourd’hui et nous faire regarder la complexité du monde dans lequel nous vivons. Il a su nous ouvrir à l’écoute de l’autre et à la réflexion sans pour autant tomber dans un versant moralisateur. Ce spectacle haut en couleur s’inspire d’un mythe du passé qui éclaire notre présent pour un futur déjà en marche. A voir sans attendre au théâtre national du 1er au 12 octobre 2019.

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