More

    Ocre et bleu cobalt : auriez-vous un nuancier qui traîne chez vous ?

    Titre : Ocre et bleu cobalt
    Auteure : Sarah J. Harris
    Editions : JC Lattès
    Date de parution : 2 mai 2019
    Genre : roman

    Si la couverture colorée attire le regarde, le titre, Ocre et bleu cobalt, n’est en rien évocateur et le résumé apéritif a le goût d’un mauvais vin rosé, du genre qui vous dissuade de continuer à boire. On a tôt fait de reposer le livre dans son rayon en librairie et de passer à un autre, de prime abord moins rebutant, et on aurait raison. Après tout, pourquoi boire du mauvais rosé quand on peut boire un très bon champagne ?

    Sarah J. Harris nous projette dans une histoire qui avance à reculons. D’entrée de jeu, difficile d’y voir clair. Un crime a été commis semblerait-il. Mais qui ? Par qui ? Quand ? Où ? Le tout est impossible à démêler. Le narrateur, Jasper, tente de nous décrire les événements tant bien que mal, mais nous noie dans un flot de couleurs précises et parfois difficiles à cerner. Vous visualisez ce qu’est “l’orange chrome rouillé” ? Parce que moi, non ! Il faut dire que Jasper est un adolescent qui ne parvient pas à retenir le visage des gens, leurs traits. Il les identifie seulement grâce à leurs vêtements ou leur voix, à laquelle il a associé une couleur, plus ou moins jolie en fonction de leur timbre. Par exemple, le bleu cobalt est la couleur de la voix de sa mère, une couleur douce qui lui est chère. En revanche, l’ocre est la couleur du meurtre, qu’il essaye difficilement de nous narrer via sa symbolique de couleurs, comme un code.

    Certes, le but de la narration est justement de souligner l’incapacité de Jasper à dire, à transmettre des faits auxquels il a pourtant assistés. La narration réussit très bien à nous faire comprendre cette impossibilité à communiquer, la frustration de Jasper face un monde qui ne le comprend pas. On ressent le malaise de Jasper, c’est indéniable. Sauf que du coup, on n’y comprend rien, à l’histoire, et on se lasse.

    Bref, facile de passer à côté de ce livre en raison de sa narration atypique très axée sur les sens, et en particulier le visuel et la précision des couleurs. L’idée est intéressante pourtant, et pourrait bien donner au cinéma ! Mais ici, difficile d’accrocher à la narration quand on ne maîtrise pas toutes les nuances de la gamme chromatique. On n’arrive pas à en découdre, on bute sur les couleurs et on en oublie la trame. On en comprend pas grand chose en somme, le livre devient, au fur et à mesure des pages, complètement opaque, ce qui est bien dommage pour un roman qui se voulait justement visuel.

    Un livre qui apparaît comme pas complètement mauvais mais parfaitement opaque. Et, dans le doute, parce qu’il est tout à fait possible que nous soyons passés à côté de la clef du récit, celle qui permet de tout démêler dans cette histoire incompréhensible, on lui attribuera la note de 5/10.

    Derniers Articles