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    Borders : l’Homme a ses frontières que les frontières ignorent.

    De Henry Naylor. Mise en scène de Jasmina Douieb. Avec Amel Benaïssa et Manoël Dupont. Du 12 septembre au 16 octobre 2019 au Théâtre Le Public. Crédit photo : Gaël Maleux

    A travers le magnifique texte de Henry Naylor et la mise en scène de Jasmina Douieb, deux acteurs nous entraînent dans un questionnement sur les limites des frontières. Les frontières entre les territoires, les frontières entre les cultures, les frontières entre les mentalités. En somme, les barrières que l’Homme a su imposer à l’Homme.

    Devant nous, dans un décor curieux, s’enchaînent deux discours. D’un côté, nous parle Sébastien (Manoël Dupont), jeune photojournaliste anglais qui rêve joyeusement de changer le monde. En face de lui, s’exprime «Sans nom» (Amel Benaïssa), une jeune syrienne qui exprime sa colère en dessin. Sébastien face à «Sans nom», Occident face à Orient, joie et humour face à colère et tristesse. Deux personnages. Deux points de vue. Tout les oppose et pourtant, tout semble les réunir.

    Sébastien ouvre la danse. Il est au Baloutchistan, des espoirs plein la tête, mais aucun sou en poche. C’est alors qu’une occasion se présente. Il se retrouve à prendre en photo un chef de guerre local qui n’est autre qu’Oussama Ben Laden. Mais rien ne se passe.

    «Sans nom» prend le relais. Son âme d’enfant est souillée par la barbarie qui vient s’en prendre à sa famille. Son art n’est plus que colère et résistance. Pour elle aussi, une occasion se présente. Elle se retrouve à taguer des slogans sur les murs de sa ville. Mais pour elle non plus, rien ne se passe.

    Du moins, rien ne s’est encore passé et tout est à venir.

    L’un après l’autre, Sébastien et «Sans nom» font entendre leur voix. Chacun se trouve d’un côté de la scène, aux limites d’un bassin vide qui ne prendra sens que lors de la dernière scène. À chaque extrémité, un carton semble les ancrer, les attacher à leur position. Petit à petit, les récits s’enchaînent, s’accélèrent, Sébastien et «Sans nom» se rapprochent, les cartons changent de propriétaire, de l’eau commence à couler à chaque extrémité, les cartons ramollissent, tout se mélange et, enfin, les discours se rencontrent, les frontières disparaissent.

    Face à cette performance, nous ne pouvons qu’applaudir les jeux d’acteurs. Manoël Dupont, à travers les mots de Sébastien, aura su nous communiquer sa joie de vivre et nous amener à rire à ses côtés. Amel Benaïssa, quant à elle, par sa voix mélodieuse et le discours de «Sans nom», aura su nous émouvoir, nous emmenant parfois au bord des larmes.

    Si nous pouvons regretter notre manque de compréhension face à quelques scènes de folie psychédélique, nous ne regrettons pas d’avoir pu entrer dans l’univers de cette pièce qui, dans toutes ses oppositions, semble nous mettre d’accord sur un point : les frontières finissent toujours par se briser.

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