De Jean Dell et Gérald Sibleyras, mise en scène de Emmanuelle Mathieu, avec Jean-François Breuer, Thomas Demarez, Xavier Elsen et Amélie Saye. Du 12 septembre 2019 au 12 octobre 2019 à 20h30 au Théâtre de la Toison d’Or.
Pour son début de saison, le Théâtre de la Toison d’Or s’attaque avec humour à l’Europe, son fonctionnement, ses travers. Le tout en plein période médiatisée du Brexit anglais. Ce n’est pourtant pas une pièce actuelle car les deux auteurs français, Jean Dell et Gérald Sibleyras, l’ont écrite en 2006. Embarquement immédiat pour l’insignifiant village de Bouchon et les déboires de ses habitants prêts à tout.
Avant, à Bouchon, fleurissait le commerce de cache-pots mais après la crise, le Maire du village a dû trouver d’autres sources de revenus. C’est vers l’Europe et ses innombrable subsides qu’il se tourne. Pour y arriver il ne manque pas d’imagination : une « plantation » de bananes, mettre son frère trentenaire à l’école primaire pour avoir le nombre juste d’élèves, payer sa secrétaire avec une fausse pension d’invalide de guerre ou même sillonner la rue la nuit pour casser les vitrines et tagguer les murs pour augmenter la criminalité de la localité. Un jour, il a l’idée de trop : demander à l’Europe de placer une sortie d’autoroute pour Bouchon sur une nouvelle giga autoroute en projet. L’occasion pour un inspecteur de l’Europe de venir vérifier la véracité de toutes les arnaques et le début des problèmes pour Bouchon.
Avec sa distribution belge d’habituées du TTO, son histoire complètement loufoque et l’actualité récente du Brexit, Vive Bouchon est la pièce idéale pour commencer la saison. Jean-François Breuer est truculent en Maire idiot mais astucieux, Thomas Demarez a du style en culottes courtes, Amélie Saye est hilarante en secrétaire qui veut trop bien faire mais se jette du balcon quand le stress l’accable et Xavier Elsen est délicieusement sournois en inspecteur maniaque mais corruptible.
Finalement tout aurait pu être parfait si, à l’absurde des personnages et des situations, les traits parfois ridicules n’étaient pas forcés. Est-ce réellement utile de répéter le toc de la secrétaire se tapant la tête sur la table à chaque fois qu’elle ouvre ou ferme la farde contenant les papiers de la commune, que le frère du Maire enjambe systématiquement les obstacles du bureau Maire, que l’inspecteur se présente au moyen d’une sorte de bégaiement outrancier. Si certains s’en amuseront sûrement, pour notre part, il n’était pas nécessaire de grossir un trait déjà fort déluré.
Au final, Vive Bouchon est plaisant pour son histoire et ses personnages absurdes, son utilisation géniale du vieux tube « The Final Countdown » mais pêche par la volonté de trop grossir le côté caricatural de ses personnages qui n’en avaient finalement pas besoin. Mais le principal n’est-il pas de rire ?