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    Ad Astra, au-delà des étoiles

    Ad Astra
    de James Gray
    Science-fiction, drame
    Avec Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Ruth Negga, Liv Tyler, Donald Sutherland
    Sorti le 18 septembre 2019

    Sans entrer dans les détails, Ad Astra commence par une chute, au sens propre. Il s’agit de celle de Roy McBride (Brad Pitt) qui, au sens figuré, en fera une autre quelques scènes plus tard, lorsqu’il apprendra que son père qu’il pensait disparu – au sens propre comme au figuré – dans le fin-fond de l’espace depuis plus de vingt ans, est potentiellement responsable, indirectement, de sa fameuse chute. Envoyé en mission par ses supérieurs pour retrouver son père dans les alentours de Neptune, McBride, astronaute de son état, en fait évidemment une affaire personnelle, scellant ainsi la communion de deux genres dans un seul film ainsi transcendé par cette alliance : la quête intime à connotation psychanalytique et le film de science-fiction à déviation métaphysique.

    De cette chute dans le vide dont il est question lors des premières minutes d’Ad Astra, il sera encore question dans ses dernières, lors d’un dénouement convoquant ni plus ni moins que la solitude de l’être humain face au vide intersidérale, la découverte pour une civilisation entière qu’elle est unique, seule contre le néant absolu. C’est l’une des plus belles idées du film que de prendre à revers une convention du genre de la science-fiction – la recherche de l’autre, d’autres formes de vie – pour opposer à des personnages en quête de sens la réponse cinglante du rien. Mais si vide il y a d’un côté du spectre de la recherche et de la science, c’est finalement à une autre forme de vie que se heurtera le personnage de Roy McBride, essentiellement définit par sa fonction et son uniforme comme le cartésien par excellence, mais amené à éprouver malgré lui la sensation d’une vie après la mort. En effet, en allant retrouver au confins de l’univers un père disparu, c’est comme si McBride accomplissait un voyage dans l’au-delà, une odyssée métaphysique convoquant également de grandes figures mythologiques dont celle d’Orphée tentant de ramener Eurydice des enfers n’est pas la moindre.

    Ce sont là les signes annonciateurs d’un grand film : en s’emparant des codes d’un genres et en les faisant finalement passer au second plan, James Gray livre une œuvre métaphysique charriant des thèmes aussi disparates et rebattus que le rapport au père, à l’au-delà, ou encore la solitude existentialiste. Potentiellement, ceux qui seront venus là pour y trouver un grand film de science-fiction, cherchant ça et là des références et autres clins d’œil à ce qu’ils considèrent comme des mètres-étalons du genre, ne pourront vraisemblablement qu’éprouver de la déception. Ad Astra est peut-être un film déceptif, une ode ou un poème immersif dissimulé derrière l’apparence d’un film de genre, mais c’est presque assurément – même si une vision unique est toujours insuffisante pour s’en assurer pleinement – un grand film.

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