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    The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson

    the grand budapest hotel affiche

    The Grand Budapest Hotel

    de Wes Anderson

    Comédie

    Avec Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham, Mathieu Amalric, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, Jude Law, Bill Murray, Edward Norton, Saoirse Ronan, Léa Seydoux, Tilda Swinton, Owen Wilson

    Sorti le 5 mars 2014

    Dans une contrée reculée appelée Zubrowka, un homme, Zéro Mustafa, gère le Grand Budapest Hotel. Dans ce palais gigantesque situé sur la cime enneigée d’une montagne, seuls quelques touristes égarés se retrouvent dans le hall d’entrée dont la décoration colorée et luxueuse contraste avec le peu de succès que rencontre l’endroit. Pourtant, le Grand Budapest Hotel était durant l’entre-deux-guerres l’un des palaces les plus prisés de la région. Un succès qui allait de pair avec le professionnalisme du concierge de l’hôtel, le dénommé et bien-aimé M. Gustave.

    Bienvenue dans l’univers si singulier de Wes Anderson, cinéaste un peu barré à qui l’on doit des films comme La Famille Tenenbaum, À bord du Darjeeling Limited ou encore le Fantastic Mr Fox. Pour ce nouveau film, de nombreuses interrogations taraudaient les cinéphiles dont la plus grande d’entre elles n’était autre que celle-ci : allait-il nous décevoir ou nous émerveiller ? Car dans son monde, Wes Anderson ne fait pas l’unanimité mais peut se targuer de ne laisser personne indifférent.

    Un casting alléchant

    Avant même de lire le synopsis de ce film, le casting heurte de plein fouet le futur spectateur. Si les deux favoris de Wes Anderson (Bill Murray et Owen Wilson) se retrouvent à l’affiche de ce film, il faut également compter sur la présence d’une kyrielle de stars comme Ralph Fiennes, Adrien Brody, Willem Dafoe, Jeff Goldblum, Jude Law, Edward Norton, Tilda Swinton et bien d’autres. Comme nous avons pu le voir par le passé, cela n’est pas forcément synonyme de réussite, bien au contraire, trop de stars tuant parfois la star elle-même. Mais, après avoir apprécié le film, on peut aisément dire que le pari est plus que réussi puisque chacun reste campé dans son rôle de manière magistrale, aidé il est vrai par l’exubérance irréaliste du récit et donc, de ses personnages. En outre, l’un des deux protagonistes principaux est campé par Tony Revolori, un acteur guatémaltèque encore inconnu. Une volonté apparente de désacraliser les noms.

    Une société imaginaire

    S’il est difficile de dresser un tableau explicite de l’histoire, il est cependant plus aisé d’analyser la métaphore historique que nous propose Wes Anderson. De fait, dans ce pays imaginaire appelé Zubrowka, on entrevoit toute la complexité politique et les enjeux majeurs de la société de l’entre-deux-guerres qui, elle, a bien existé. Par le biais de la féérie, la narration nous propose une vision fantasmagorique d’une société en mal d’identité, se raccrochant à peu d’idéaux et ne semblant pas s’émouvoir d’un lendemain peu favorable. Véritable contre-pied au déroulement logique de l’histoire, le Grand Budapest Hotel semble vivre en parallèle de celle-ci. La déclaration de guerre à la une du journal est par exemple éludée au profit du décès de l’une des plus fidèles clientes de l’hôtel. Pourtant, la critique est bien présente et l’histoire, éclipsée derrière une chronique loufoque, est pastichée de manière intelligente.

    Le chef d’œuvre de Wes Anderson

    Pour terminer l’analyse, il faut sans retenue saluer le génie de Wes Anderson. Outre l’équité du jeu d’acteur et la métaphore historique, il faut souligner la cohérence d’une histoire où s’enchainent pourtant des scènes aberrantes. Un récit aux accents burtoniens dont Anderson ne se revendique point. Enfin, applaudissons l’humour décalé et décomplexé qui nous a charmés par sa simplicité. Une légèreté scénaristique appréciable donnant à ce film son aspect le plus burlesque.

    En résumé, The Grand Budapest Hotel est une réussite visuelle, technique, scénaristique, dramaturgique et historique à voir d’un regard éclairé mais aussi amusé. Une histoire enchanteresse à apprécier à sa juste valeur.

     

    Matthieu Matthys
    Matthieu Matthys
    Directeur de publication - responsable cinéma du Suricate Magazine.

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