Titre : Histoire de la Bretagne
Auteur : Philippe Tourault
Editions : Perrin
Date de parution : 28 mars 2019
Genre : Histoire
L’historien Philippe Tourault, spécialiste de la Bretagne et de ses rois et reines, retrace dans Histoire de la Bretagne, l’histoire de cette région si attachante de la préhistoire à nos jours. Région de terre et de mer, au climat souvent rude, la Bretagne est singulière. Après avoir été sous domination celte, romaine, viking, germanique et anglaise et longtemps duché autonome, la Bretagne a été annexée au royaume de France en 1532. Cette lecture nous amène à la rencontre d’une terre avec un héritage pluriséculaire et des traditions fortes.
Dans cette Histoire de la Bretagne, Philippe Tourault fait la part belle aux multiples civilisations et gouvernants qui ont conquis ce bout de terre et à l’empreinte qu’ils y ont laissé, ainsi qu’à l’importance de la religion et à un développement socio-économique, souvent en dents de scie. L’installation de la religion chrétienne et le pouvoir du clergé ont façonné cette terre, où ont subsisté en parallèle des rites païens.
Pour désigner la Bretagne, les romains utilisaient le nom Armorique, signifiant face à la mer, vocable qui reste en utilisation. L’historien estime que la domination romaine sur l’Armorique, entre le Ier et V ème siècle, eut des effets positifs tels que l’urbanisation, une organisation dite « logique » des rapports socio-politiques, le développement économique et plus fondamentalement la paix. Selon lui, le règne du roi Salomon entre 868 et 874 est l’un des plus glorieux que la Bretagne ait connu au Moyen-âge et a un « éclat particulier ».
Sous le roi soleil Louis XIV, la Bretagne comptait 2 millions d’habitants et un Français sur dix était breton. « Mariages précoces, forte natalité, bonne alimentation en période calme » expliquent cette forte démographie. Le livre met l’accent sur le fait que l’amour de la Bretagne par les Bretons n’exclut pas l’entente avec la France, à la condition expresse que celle-ci respecte leur indépendance et identité. L’auteur conclut d’ailleurs que « les Bretons veulent bien être français, à condition de rester bretons ».
Le tourisme s’y est développé dès la fin du 19eme siècle, mené par de riches parisiens ou anglais qui y admirent « la poésie des paysages, le folklore, les dolmens et menhirs ou les enclos », ainsi que les stations balnéaires, avec la Baule en tête de pont. Les dolmens (importants édifices funéraires pour personnes fortunées érigés en 4000 et 6000 ans avant Jésus-Christ), sont particulièrement bien conservés en Bretagne et l’ensemble le plus important se trouve près de Carnac, à Locmariaquer. Selon l’auteur, pour beaucoup le tourisme est perçu comme ne profitant qu’à une petite minorité et est ressenti comme un phénomène envahissant et destructeur de l’identité bretonne. Selon le dernier recensement de 2018, il y aurait 4 616 602 habitants en Bretagne. Destination touristique de premier plan, la même année la Bretagne a attiré 12.8 millions de touristes (dont 83 % sont des Français) qui ont engendré des recettes à hauteur de 4.6 milliards d’euros selon les chiffres du comité régional de tourisme de Bretagne.
Les Bretons et les amoureux de la Bretagne pourraient être tentés de s’immerger dans cette lecture pour en savoir plus sur cette terre qu’ils affectionnent. Toutefois, on aurait aimé que l’écriture soit plus efficace avec un récit plus court (450 pages, c’est long) et faisant mieux ressortir les points clés de cette histoire singulière. Certaines problématiques, telle que l‘identité bretonne, le poids de la religion ou l’essor agricole auraient pu être mieux traitées comme un thème à travers les époques plutôt que de manière chronologique sur plusieurs chapitres. Ce livre parait somme toute assez scolaire et on aurait souhaité que l’auteur le conclut en analysant plus profondément les enjeux actuels, notamment économiques, hérités de l’histoire bretonne.