Titre : Le sabordage de la noblesse – Mythe et réalité d’une décadence
Auteur : Fadi El Hage
Editions : Passés composés
Date de parution : 13 mars 2019
Genre : histoire
Originellement, la noblesse apparaît au XIIe siècle, en plein Moyen Âge où la société est régie par le système féodal. A l’exemple des Templiers, ces chevaliers qui protégeaient les pélerins jusqu’à Jérusalem dans un contexte de guerre sainte, la noblesse est un ordre militaire chargé de protéger la chrétienté et de faire régner la paix sur ses terres selon les valeurs de la chevalerie telles que la bravoure, la largesse, l’humilité, la courtoisie, la piété, la foi et l’honneur.
Etant, en quelque sorte, le bras armé de la chrétienté, la noblesse devient aussi celui de la royauté de laquelle elle est proche – puisque le roi détient son pouvoir de Dieu – et est toujours envoyée la première à la guerre ou en croisade, comme il y en avait à foison en cette époque troublée. De fait, la noblesse subit de lourdes pertes autant en vies humaines qu’en richesses et territoires, lorsque n’ayant plus d’héritiers, leurs biens revenaient dans l’escarcelle du roi. Pour cette raison, ses membres recevaient de nombreux privilèges et autres faveurs.
Mais, de fil en aiguille, les nobles sentiments chevaleresques furent oubliés. La noblesse ne pouvant plus survivre en ne servant que militairement, puisque lorsqu’il n’y a pas de guerres ses membres sont livrés à l’oisiveté, on permet à cet ordre de travailler dans le domaine du commerce, ce qui lui permettra de s’enrichir considérablement. Tellement, qu’il est dorénavant en mesure de lever des armées parallèles et de fomenter des complots pour destituer le pouvoir royal.
Louis XIV ayant subit la Fronde durant son enfance décide, une fois seul en possession du pouvoir, d’asservir la noblesse en l’obligeant à paraître constamment à sa Cour au risque de perdre ses nombreux privilèges, d’autant plus qu’ils sont à présent ouverts à la bourgeoisie. En les isolant autant que lui-même du reste du peuple, Louis XIV signe l’arrêt de mort de la noblesse qui interviendra un siècle plus tard, lorsque l’Assemblée nationale constituante vote l’abolition de la noblesse héréditaire le 19 juin 1790.
Durant la décennie précédant la Révolution française, Louis XVI est considéré comme un monarque uniquement entouré d’une noblesse oisive qui ne cherche qu’à s’enrichir en conservant et en cumulant ses charges. Pour paraître aux yeux du roi, la tentation était grande pour les nobles de ne plus remplir les devoirs qui leurs étaient échu et l’ordre finira par être assimilé à l’aristocratie.
Avec Le sabordage de la noblesse – Mythe et réalité d’une décadence, Fadi El Hage, docteur en histoire, remarqué notamment par son Histoire des maréchaux de France pour lequel il fut récompensé par le Prix d’histoire militaire en 2011 et qui contribue aussi au magazine Guerres & Histoire, nous apporte un nouvel éclairage sur le déclin de l’ordre nobiliaire en s’appuyant sur l’exemple français – le plus flagrant – du Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle.
Un peu lourd à lire quelquefois – c’est un ouvrage rédigé par un historien, ne l’oublions pas -, il n’en reste pas moins très intéressant à découvrir. Résultat d’une enquête minutieuse et complète, Le sabordage de la noblesse démonte les mythes et autres idées-reçues pour faire apparaître une nouvelle réalité, celle qui atteste que l’abolition de cet ordre est la conséquence de sa propre décadence.