The Professor
de Wayne Roberts
Comédie dramatique
Avec Johnny Depp, Zoey Deutch, Rosemarie DeWitt
Sortie prévue le 30 juin 2019 sur Amazon Prime
Voilà deux ans, le réalisateur Wayne Roberts inaugurait sa « Goodbye Trilogy » avec le somptueux Katie Says Goodbye, sorti dans nos contrées en 2018 et passé relativement inaperçu. Particulièrement réussi, ce premier volet mettait en scène la jeune Katie, désireuse d’abandonner sa vie pour fuir à San Francisco. Forcée de se prostituer pour collecter de l’argent, Katie vit ainsi son innocence confrontée à la noirceur du monde extérieur.
Si, dans ce premier film, les adieux de Katie passaient par un abandon de soi, The Professor – dont le titre de travail était Richard Says Goodbye – fait preuve d’une nouvelle approche dans son analyse des adieux.
Richard (Johnny Depp) est un professeur d’université reconnu mondialement et qui découvre soudainement être atteint d’un cancer en phase terminale. Bouleversé, il prendra peu à peu conscience de l’état de son existence…
Dans cette déclinaison moderne et américanisée du chef d’œuvre Ikiru d’Akira Kurosawa, le réalisateur Wayne Roberts met en scène le cheminement d’un homme qui, en acceptant sa mort, parvient à accepter de vivre. Prisonnier d’une vie familiale et d’une carrière professionnelle qui ne l’épanouissent plus, Richard en reviendra à l’essentiel de son existence.
Ainsi, ce dernier réglera ses comptes avec ses élèves peu assidus ou avec l’amant de son épouse, tout en s’essayant à diverses d’expériences nouvelles et surprenantes. À ce titre, le choix de Johnny Depp pour incarner Richard est intéressant, car l’acteur possède le surréalisme nécessaire pour donner souffle à cet homme désireux de tromper sa propre réalité. Loin de ses compositions fantasques, le comédien trouve ici un rôle plus posé et dénué de la grandiloquence à laquelle il nous avait habitués depuis quelques années.
Comme Katie Says Goodbye avant lui, The Professor offre un regard judicieux sur les interactions humaines. Mais à la différence de son prédécesseur, cette nouvelle réalisation s’offre souvent le loisir de réserver quelques moments comiques. Cette légèreté est particulièrement bienvenue dans le cadre d’un sujet comme celui-ci.
C’est au fond la grande force de Wayne Roberts que de parvenir à traiter de sujets hautement sérieux sans pour autant virer dans la morosité. Ainsi, là où dans Katie Says Goodbye, Katie gardait sans arrêt sa simplicité et son innocence face aux épreuves traversées, Richard parvient ici à regarder la mort en face en conservant son humour et sa joie de vivre. En résulte un film intelligent, humain et drôle.
Outre les qualités soulevées précédemment, The Professor a la riche idée d’avoir intégré le personnage de Peter (Dany Huston) à son intrigue. Meilleur ami de Richard, ce dernier jalonnera le film de sa présence et de l’amour qu’il voue à son ami, ourlant le récit d’une deuxième dimension particulièrement touchante. Seul élément stable dans la vie de Richard depuis toujours et pour le temps qu’il reste à vivre à ce dernier, Peter illuminera le récit par son amitié sans failles et souvent décalée.
En dernière instance, Richard apprendra non seulement à vivre mais également à montrer aux autres comment vivre. Mais The Professor est également l’histoire d’un homme qui a joué selon les règles toute sa vie et décide soudainement de voir ce qui se passerait s’il s’aventurait hors des sentiers battus.
Étonnamment, The Professor parvient à être bon et original tout en recourant à des codes et des ficelles connus. C’est probablement là l’une de ses plus belles qualités, outre la simplicité et l’humanité qui s’en dégagent !
Wayne Roberts signe donc ici une nouvelle réalisation dans la lignée de Katie Says Goodbye, tout en y intégrant davantage de légèreté. Avec en guise de conclusion une fin simple mais pourtant percutante et riche de sens dont seul le réalisateur a le secret !