Venise n’est pas en Italie
d’Ivan Calbérac
Comédie
Avec Benoît Poelvoorde, Valérie Bonneton, Helie Thonnat, Eugène Marcuse, Coline D’Inca
Sorti le 29 mai 2019
Vivant dans une caravane avec ses parents fantasques, Bernard et Annie, Emile est convié par Pauline, la jeune fille dont il est amoureux, à la rejoindre à Venise pour les vacances. Mais quand Bernard et Annie décident de conduire Emile en caravane jusque-là, toute la famille – à laquelle il faut également ajouter le grand frère et sa nouvelle copine, rencontrée sur le chemin – embarque pour un « road trip » lors duquel les excentricités des uns et des autres n’auront de cesse de mettre Emile dans l’embarras.
D’année en année et de film en film, l’on a de cesse de suivre la carrière de Benoît Poelvoorde – qu’on aime beaucoup – dans l’espoir sans cesse renouvelé de le voir enfin au générique d’un film à la hauteur de son talent ou pour tout le moins valable. Et, à quelques notables exceptions près, la déception est habituellement au rendez-vous, particulièrement ces derniers temps. Après l’épouvantable Raoul Taburin, fable passéiste à l’esthétique chromo, le voici en caricature de lui-même dans une version « assagie » des Tuche.
La trame et les personnages de Venise n’est pas en Italie constituent en effet une copie conforme du modèle établi par la trilogie d’Olivier Barroux et sa famille de sympathiques « barakis ». Le personnage d’Emile est d’ailleurs l’alter ego parfait du Coin-coin des Tuche, enfant sensible né dans un milieu qui ne lui correspond pas. Ce film-ci sera néanmoins probablement traité avec plus d’égards critiques que ce qui est encore tenu pour les gourous du bon goût comme une abomination absolue, par la présence de Poelvoorde mais aussi par son aspect plus propre et lisse.
Le film d’Ivan Calbérac est pourtant ce qui se fait de plus paresseux dans la production actuelle du cinéma populaire français, une sorte de téléfilm tout en champs/contre-champs et en clins d’œil appuyés, rappelant par moments les meilleurs épisodes de Camping Paradis. Au sein de ce marasme généralisé, il est presque aberrant de tomber tout de même sur une très belle scène, celle d’un premier baiser échangé lors d’un slow entre deux adolescents. Cette scène archétypale, souvent ratée même dans des bons films, se trouve ici réussie au-delà de toute espérance dans un film par ailleurs désespérément médiocre.