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    4MY’S+, de la poésie en images aux Beaux-Arts

    L’exposition 4MY’S+ présentée aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) regroupe une série d’œuvres vidéos, de photos, et de broderies qui nous plongent dans l’univers poétique et onirique d’Agnès Guillaume.

    Le titre, énigmatique au premier abord, évoque les titres très personnels des quatre projections de l’exposition : My Nights, My fears, My thoughts et My roots.

    Agnès Guillaume a associé à ces œuvres des courts textes de Paul Ardenne, Caroline Lamarche, Marie-Laure de Cazotte et Marc Lambron, tous invités à venir dialoguer avec son univers.

    Chanteuse, comédienne et metteur en scène, l’artiste prend une place importante dans ses vidéos, lesquelles se caractérisent par un cadrage précis, un montage rythmé, souvent ralenti, et une recherche chromatique différente selon les pièces. Les œuvres se présentent de manière logique, s’articulant autour d’une pièce centrale, le tout légèrement plongé dans la pénombre accentuant ainsi l’aspect intime des œuvres.

    Chaque vidéo est accompagnée d’une ambiance sonore élaborée par l’artiste, mêlant des musiques douces à des bruits divers. L’exposition est composée de 5 vidéos, 7 broderies et 34 œuvres papier. Elle se présente sur deux étages, liées entre elles par un patio, créant un dialogue naturel entre les pièces.

    Quelques œuvres en détail

    Agnès Guillaume, My Thoughts, 2016_2017, vidéo pour un écran, © Agnès Guillaume
    Agnès Guillaume, My Thoughts, 2016-2017, vidéo pour un écran, © Agnès Guillaume

    My nights est composée d’une vidéo regroupant deux éléments : des méduses semblant flotter dans le cosmos, et l’artiste, habillée de blanc, comme en apesanteur dans l’espace. Il y a un contraste entre le sombre de l’arrière-plan et les éléments flottants, dans les tons blanc, beige et rose pâle. À cause de la taille de la projection, assez grande, le spectateur ressent un effet d’attraction. On a envie de rester devant l’œuvre, de contempler la poésie et la beauté de la scène. Des captures d’écran, imprimées et présentées dans des boites lumineuses, offrent un autre aspect à l’œuvre.

    Agnès Guillaume, Roots#8, 2017, technique mixte sur papier, 90 x 120 cm, © Agnès Guillaume
    Agnès Guillaume, Roots#8, 2017, technique mixte sur papier, 90 x 120 cm, © Agnès Guillaume

    À côté, My Roots nous montre de la terre dans laquelle bouge plusieurs gros vers, parfois évoluant proche d’un bout de pied. Ici les tons sont chauds, majoritairement brun, noir et beige. Malgré une impression de dégoût, la vidéo à un côté joli, subtile et poétique. Les deux vidéos, pourtant opposée dans les teintes, l’ambiance lumineuse et le sujet fonctionnent pourtant bien ensemble.

    Agnès Guillaume, JustMen #7, 2018, broderie, 87 x 146 cm, © Jo Terrien
    Agnès Guillaume, JustMen #7, 2018, broderie, 87 x 146 cm, © Jo Terrien

    À l’étage est installée une série de broderies grand format dans les tons beige, rouge, rose, orange et vert. Contrairement aux œuvres vidéo qui incluent systématiquement le corps de l’artiste, ici c’est le corps de l’autre qui est le sujet – en l’occurrence, le corps de différents hommes qui ont posés nus pour elle. Différents éléments décoratifs sont ajoutés pendant la broderie, donnant une note onirique ou décalée. L’œuvre questionne la manière dont les arts textiles sont associés de manière encore trop stéréotypée à l’univers féminin. Ici, contrairement à de nombreux cas dans l’histoire de l’art, c’est l’homme qui pose pour la femme. La série est assez touchante, intime dans la pose de ces hommes connus ou inconnus de l’artiste. Elle fait réfléchir sur la question du genre dans l’art textile.

    Ce que l’on retient de l’exposition d’Agnès Guillaume c’est avant tout la beauté, la subtilité et la poésie qui se dégage des œuvres. L’ensemble est homogène, les différents médiums utilisés s’accordent vers le thème général de l’exposition. Tout est cohérent, propre, bien pensé et lié.

    Infos pratiques

    • Où ? Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 3 rue de la Régence, 1000 Bruxelles.
    • Quand ? Du mardi au vendredi de 10h à 17h et le weekend de 11h à 18h, du 23 avril au 28 juillet 2019.
    • Combien ? 10 EUR au tarif plein. Divers tarifs réduits disponibles. L’accès à l’exposition est gratuit à l’achat d’un billet pour la collection permanente.
    Anaïs Staelens
    Anaïs Staelens
    Responsable de la rubrique Arts/Expos Journaliste du Suricate Magazine

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