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    Fritland au Poche : un conte incisif, honnête, poétique et drôle

    Mise en scène Denis Laujol / assisté de Julien Jaillot  Avec Zenel Laci
    Au Théâtre de Poche du 23 avril au 18 mai à 20h30.

    Pour un belge, la frite, c’est une histoire d’amour, n’en déplaise aux clichés et aux français qui s’en moquent. Mais si chaque frite cachait une histoire aussi passionnante et touchante que celle de Zenel, l’amour serait triple voir plus.

    Zenel est né ici, en Belgique, à Soignies, en 1966 et quelques années plus tard, lui et sa famille se retrouvent à Bruxelles. Son père, rêvant de devenir indépendant, reprend un snack du côté de la Bourse, à côté d’une boîte de nuit et l’aventure Fritland commence alors. Zenel Laci va se consacrer corps mais pas toujours âme au métier de fritier, poussé avec force et peu de choix par son père. Il va voir défiler devant son comptoir une population bruxelloise haute en couleur. Il va aussi voir défiler ses jeunes années à en perdre la raison et presque le goût de vivre. Mais il aura la lecture comme bouée de sauvetage, il aura pour l’accompagner Jules Vernes, Rimbaud et tant d’autres. La lecture et l’écriture vont faire naître chez lui une furieuse envie de faire révéler au grand jour ce qu’il a besoin d’être. Et ce n’est pas fritier.

    Sur scène, on trouve Zenel et tous les personnes qui ont fait un petit ou un long bout de chemin avec lui ; son père, sa mère, sa sœur, ses frères et évidemment les clients. Et on trouve aussi Denis Laujol, son metteur en scène se mettant en scène en tant que metteur en scène sur la scène. Duo comique bienvenu pour faire sortir la vapeur de la cocotte-minute sous pression familiale.

    Car, la vie de ce fils d’immigré albanais n’a pas été aisée. Le poids d’une culture familiale forte, elle-même alourdie par le poids d’une culture albanaise forte. Mais aussi le poids d’un rêve, celui d’un ailleurs, celui de l’Amérique. Il faut s’intégrer, il faut réussir mais en même temps, il faut fièrement garder et préserver ses origines. Il faut travailler aussi beaucoup, sans rechigner, suer au-dessus des friteuses, servir le client et ne pas s’autoriser de liberté. Zenel nous raconte tout ça et plus encore.

    Fritland c’est un conte incisif, honnête, poétique et drôle. C’est même difficile d’en dire plus sans dévoiler ce petit bijou théâtral. Il faut y aller, impérativement, voilà, c’est dit.

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