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    [BIFFF 2019 : Jour 8] Christine Sønderris, Isla fisher, Lupita Nyong’o et Margot Robbie

    Cutterhead : parce que Tunnel.

    Rie est en reportage dans les tunnels en construction du métro de Copenhague. Elle prend des photos, demande à cette faune internationale ce qui les a poussés à venir ce perdre dans ce trou et compte bien visiter la machine avec laquelle ils creusent la terre. Mais voilà, un incendie se déclare, le préposé aux machines la met dans un caisson de survie avant de cramer à son tour. Il lui reste à rejoindre les deux autres survivants dans un caisson hyperbare et tenter de rester vivante. Accompagné d’Ivo, un mineur croate, et Bharan, un ouvrier érythréen, il va falloir affronter les situations claustrophobiques extrêmes et résoudre les soucis de décompression ultra rapides.

    Tout commence comme un documentaire très réaliste et on est plongé totalement dans cet univers déjà pas très confortable. Au fur et à mesure, les ennuis arrivent et on se sent littéralement oppressé dans ce milieu confiné du tunnelier ou dans la boue qui servirait d’échappatoire. La réalisation réaliste, l’interprétation convaincante des acteurs et la représentation de individualisme de l’humain en survie nous fait ressentir toute la détresse de la situation. On regrette peut-être un manque de rebondissements pour frissonner totalement.

    Go Home : un nationaliste chez les immigrés

    On se souvient d’une autre réalisation zombiesque italienne l’année passée : The End. On était donc impatient de découvrir cette nouvelle péloche avec en toile de fond le nationalisme italien actuel. Le film de zombie, tel l’héritage de Romero, servant à dénoncer le climat politique ambiant. Le concept a tout pour plaire mais les trépidations de Enrico, bon aryen obligé de se réfugier dans un centre pour immigrés pour survivre ne soulèvera pas les foules. La faute a un manque de moyen flagrants (le peu de zombies), à l’amateurisme des interprètes (on se gratte la tête pour symboliser nos soucis ?) et à un manque de rythme désespérant (le bruitages de dézinguage de zombies, l’utilisation ratée de bonnes musiques, les changements de plans incompréhensibles, etc.). On a longtemps essayé de donner sa chance à ce Go Home mais sans résultats. Hormis peut-être le moment où notre cher raciste se réveille et sauve sa peau en jetant le gosse qu’il protégeait aux zombies.

    Beach Bum : le BIFFF à Blankenberg 

    Avis aux fans de Las Vegas Parano, How High et de tous les films dans lesquels joue Snoop Dogg en général, ce Beach Bum va vite devenir votre nouveau délire de 3h du matin. Avec son affiche qui fleure bon l’accouplement entre Brice de Nice et les Power Rangers et son casting de rêve (Matthew McConaughey, Snoop Dogg, Jonah Hill, Martin Lawrence, Zac Efron, …) on attendait beaucoup de lui et il ne nous a clairement pas déçu. Il faut dire que Matthew McConaughey a mis une nouvelle fois les petits plats dans les grands et nous livre une superbe prestation tout en défonce et donne même à apercevoir certaines parties de son anatomie. Si ça c’est pas se donner corps et âme pour son film ! Notre oscarisé y incarne l’exemple parfait du rêve floridien : les plages, les femmes, la drogue et ne rien foutre de ses journées. C’est un peu le BIFFF à Blankenberg en fait. Si le long métrage pêche parfois au niveau de son rythme, il arrive très vite à nous emmener dans son ambiance psychotropée et ne nous lâche pas. Mais si vous vous attendiez à un film sous adrénaline ou à l’action omniprésente, passez votre chemin. Dans le cas contraire, allumez-vous un joint (de cannabis légal bien entendu), posez-vous dans votre fauteuil et profitez du spectacle.

    Believer : à la manière d’un Keyser Söze asiatique

    En lice dans la compétition Thriller au BIFFF, Believer est l’adaptation coréenne du film Drug War du légendaire Johnnie To. Lee Hae-young nous propose dans ce film, véritable carton au box-office sud-coréen avec plus de 5 millions d’entrée, sa vision du thriller hongkongais, avec dans sa seconde partie un vrai travail de réécriture par rapport à l’original.

    Won-ho est un flic au pied du mur et sur le point d’être mis sur la touche. Son enquête concernant Mr Lee, le plus puissant narcotrafiquant asiatique est au point mort. Outre que personne n’a jamais vu son visage, Mr Lee a la fâcheuse tendance d’éliminer ses collaborateurs de manière régulière afin de ne jamais laisser de traces… Lorsque Won-ho découvre un survivant dans les décombres du dernier nettoyage en date du mystérieux narcotrafiquant, il tente le tout pour le tout afin de s’introduire dans l’organisation.

    L’exercice du remake n’est jamais chose facile, mais Lee Hae-young maîtrise son sujet tant techniquement que du point de vue narratif. Si l’histoire semble à première vue classique, on se délectera de deviner qui est ce mystérieux Mr Lee, qui à la manière d’un Keyser Söze asiatique efface ses traces à coup de balles et d’explosifs. Existe-t-il vraiment ou n’est ce qu’une légende, le Graal de différents prétendants à la recherche d’un symbole fort pour asseoir leur pouvoir et glacer de peur leurs adversaires ? Techniquement, on saluera le travail du réalisateur quant à sa maîtrise des scènes d’action, chorégraphie d’une violence à l’esthétique travaillée ainsi que son travail sur la photographie, et notamment sur les couleurs afin d’accentuer le contraste entre les scènes.

    Au final, Believer est un film qui certes ne révolutionne pas le genre mais qui apporte sa virtuosité et sa rigueur technique ainsi que son contexte coréen par rapport au film original. C’est un thriller qui vous prend dès la première scène du film pour ne plus jamais vous lâcher, quitte à vous tenir encore éveillé longtemps encore après le générique de fin, suite aux questions suscitées dans sa deuxième partie.

    Little Monsters : un public survolté et une bonne zombédie

    Ce film est un petit bijou d’humour et d’irréverence. Cette histoire de zombies vues à travers un voyage scolaire de jeunes gosses de 5 ans aurait pu être des plus classiques. Il n’en est rien. Little Monsters se permet tout et la présence des enfants n’arrête pas le réalisateur ! L’histoire de Dave (Alexander England) le looser qui tente de séduire la jolie institutrice (Lupita Nyong’o) et le centre de recherche militaire américain qui produit des zombies n’est certes pas originale mais comme un Juan of the Dead, présenté aussi il y a quelques années au BIFFF, c’est dans son traitement original qu’elle puise sa réussite. Mettre des enfants au milieu de ce remue-ménage, l’humour décapant et l’interprétation badass de Nyong’o en fait un film plutôt réussi à revoir pour une bonne soirée de rires. Mais un tel film est aussi une gageure pour une séance du BIFFF, répliques sans tabou, chansons pour enfants, scènes gores géniales, actrice badass, etc. Une des meilleures séances depuis longtemps dans ce festival et un chouette film en prime !

    Terminal : lasagne scénaristique 

    Décidément, cette journée nous offrait des castings de rêve ! Avec la présence de Margot Robbie dans ce Terminal, il ne manquait au final que Di Caprio pour nous compléter le casting du Loup de Wolf Street. Présenté comme un film noir dans la lignée des Assurances contre la mort ou Sin City, la réalisation de Vaughn Stein (dont c’est le premier long métrage en tant que réalisateur) nous plonge bien vite dans son ambiance grise et lugubre. Et lorsque notre belle Margot rencontre Simon Pegg qui est plutôt d’humeur à se jeter sous les rails d’un train, les choses vont vite partir en sucette. Parce qu’avec la Suicide Squad, elle s’y connaît en suicide cinématographique Margot ! Avec ses trois histoires enchâssées formant un tout cohérent au final (qu’on n’avait PAS DU TOUT vu venir) cette production nous lâche dans un univers à l’imagerie très soignée et efficace. Mais à part la photographie, il n’a malheureusement pas grand-chose d’autre à offrir. Le scénario se montre bien trop prévisible et si la qualité des acteurs tient le film à bout de bras, les fins à répétition enlèvent la cohérence recherchée en premier lieu. Non mais sérieusement, il y avait tellement de fins qu’à un moment je me suis cru dans Le Retour du Roi ! Bref, heureusement qu’on avait déjà consommé assez de stupéfiants avec Beach Bum et bien ri devant Little Monsters avant ce Terminal qui nous aura fauché comme un lapin en plein vol. Aussi efficace qu’un contrôle routier à 3h du matin.

    Loïc Smars
    Loïc Smarshttp://www.lesuricate.org
    Fondateur, rédacteur en chef et responsable scènes du Suricate Magazine

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