La nouvelle exposition de la Centrale for contemporary art à Bruxelles, La forêt, la banquise et les étoiles, mêle l’univers de deux artistes femmes : Sophie Whettnall, plasticienne bruxelloise créant un univers poétique, chaleureux et intime, et Etel Adnan, peintre, philosophe et écrivaine originaire de Beyrouth. Le point commun de leur deux univers est le paysage, qu’il soit évoqué sous forme de grandes installations, ou représenté par des peintures en petit format.
L’immensité intime
L’exposition est immersive et fonctionne comme une seule œuvre, en plusieurs parties : la forêt, la banquise, et les étoiles. La poésie et la subtilité sont les notions premières de l’œuvre. Elles jouent sur le contraste entre la violence d’un geste manuel répété des centaines de fois et la douceur, les couleurs, la texture du rendu. L’idée du trajet est évoquée, comme un « aller » dans la forêt est différent d’un « retour ». Dans le cas de l’exposition, le sentiment est identique : les œuvres ont un aspect différent selon qu’on les regarde de face ou de dos. L’artiste parvient à détourner des matériaux industriels en les modifiant pour en créer un objet poétique et délicat.
Un parcours en trois parties
La première partie, les étoiles, est un travail sur la lumière et les reflets. L’artiste reprend la forme des cerfs-volants pour générer une installation grand format qui donne un sentiment de petitesse au spectateur. L’œuvre semble légère, faite de papier perforé et d’une structure en bambou. L’artiste évoque une volonté de rentrer dans l’architecture, de ressentir l’espace, pour le coup modifié du lieu.
La seconde partie, la banquise, installée à la suite, est composée de blocs de mousses récupérés dans des usines de matelas, recoupés, retravaillés, assemblés dans les tons rose poudré, beige et blanc. L’ensemble fait tant penser à des icebergs qu’à des marshmallows. Le spectateur se sent comme un enfant entouré de formes rassurantes aux couleurs douces. Cet aspect réconfortant est en opposition avec le processus créatif, les blocs de mousses ayant nécessité de la force physique pour être modifiés et réassemblés. Au mur sont accrochées les peintures d’Etel Adan, des paysages abstraits dans les tons chauds, dont un coucher de soleil sur l’horizon placé au-dessus des icebergs de Sophie Whettnall.
Enfin la dernière partie, la forêt, est composée d’une douzaine de panneaux de bois installés seuls, en dytique ou en triptyque. L’artiste a suivi le dessin naturel du bois pour percer de milliers de petits trous la partie la plus clair, ces panneaux sont disposés comme le seraient des arbres dans une forêt et éclairés par l’arrière créant un jeu de lumière. Les encres et aquarelles noires de clairière d’Etel Adan disposées sur le mur dialoguent avec les panneaux.
L’exposition présente également quelques vidéos, questionnant le rôle de la femme de manière générale. L’une d’entre elles montrant des femmes africaines lors d’un retour au marché, chargées de leurs courses sur un trajet de 20 km. Dans ce cas, le questionnement est justement posé par l’artiste, touchée par le décalage flagrant entre la réalité des Africaines et des Occidentales.
Le duo Sophie Whettnall-Etel Adnan est réussi, si bien qu’on pourrait l’oublier tant l’exposition est homogène. Le spectateur est invité à voyager dans un univers poétique, doux, dans lequel on aimerait se poser quelques temps, à contempler la banquise, la forêt et les étoiles.
Infos pratiques
- Où ? Centrale for contemporary art, Place Sainte Catherine 16, 1000 Bruxelles.
- Quand ? Du mardi au dimanche de 10h30 à 18h, du 4 avril au 4 août 2019.
- Combien ? 8 EUR au tarif plein. Plusieurs tarifs réduits disponibles.