Leto
de Kirill Serebrennikov
Biopic, Drame
Avec Roman Bilyk, Irina Starshenbaum
Sortie prévue en Belgique: 13 mars 2019
Dans le cadre des séances Russian Turn Kino à Bozar, les spectateurs ont eu l’occasion de découvrir hier en avant-première le film de Kirill Serebrennikov, Leto, sélectionné au dernier festival de Cannes. Après Dovlatov, les spectateurs bruxellois ont pu se replonger dans l’époque soviétique par le prisme de la musique cette fois-ci.
Leningrad. Un été du début des années 80. Une scène rock émerge et tente de trouver sa voie entre les attentes d’une jeune génération qui écoute et s’échange sous le manteau des disques d’artistes britanniques et américains et la censure du pouvoir qui sent qu’il doit relâcher de la pression mais reste attaché à ses anciens reflexes. C’est dans ce contexte que Mike, leader du groupe Zoopark et sa femme Natacha rencontrent le jeune Viktor Tsoï. Entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en Union Soviétique.
Leto, c’est l’histoire des débuts de Viktor Tsoï, une légende en Russie, qui a su, par ses textes et son mode de vie en accord avec ses idées, toucher une génération de jeunes qui ne se reconnaissait plus dans les idéaux soviétiques. Mais c’est également une plongée dans la culture underground du Leningrad des années 80, anticonformiste, libertaire, en proie au dernier soubresaut du régime communiste avant que ne s’ouvre la période de Glasnot et l’effondrement de celui-ci.
Leto, c’est un film dans lequel on rit à la vue des stratagèmes utilisés par les rockeurs pour passer outre la censure, pour ensuite ressentir une certaine nostalgie face à cette fête sur la plage, empreint de liberté et d’insouciance. C’est un film bourré d’énergie, dans lequel les spectateurs auront sans doute envie de chanter et de danser en écoutant les nombreux tubes soviétiques ou occidentaux qui jalonnent le film. Ce n’est pas uniquement un biopic mais plutôt les fragments d’une époque qu’on pensait révolue, mais qui inlassablement se répète. Si un pouvoir a chassé l’autre en Russie, l’envie de renouveau est toujours intacte auprès d’une partie de la population, raison pour laquelle la figure de Viktor Tsoï est toujours aussi présente, 30 ans après sa mort.