Sang Froid
d’Hans Petter Moland
Action, Thriller, Drame
Avec Emmy Rossum, Liam Neeson, Tom Bateman
Sorti le 27 février 2019
Bienvenue à Kehoe, luxueuse station de ski du Colorado. La police locale n’y est pas franchement très sollicitée jusqu’au jour où le fils d’un conducteur de chasse-neige, Nels Coxman, est assassiné sur ordre de Viking, un baron de la drogue. Armé d’une rage implacable et d’une artillerie lourde, Nels entreprend de démanteler le cartel de Viking. Sa quête de justice va rapidement se transformer en une vengeance sans pitié. Alors que les associés de Viking « disparaissent » les uns après les autres, Nels passe d’un citoyen modèle à un justicier au sang-froid, qui ne laisse rien – ni personne – se mettre en travers de son chemin.
On commence l’histoire avec un générique de mauvaise série américaine, la musique ringarde en prime. Les bases sont classiques : un homme, Nels (Liam Neeson), sans histoire, déneigeur de route, un des piliers de la communauté de la petite ville de Kehoe, est surpris par le mystérieux suicide de son fils lié à une sombre affaire de drogue. Voilà le décor planté, à la limite du cliché et un début d’intrigue qui annonce quelque peu le scénario qui va suivre. La vengeance est un plat qui se mange chaud et Nels va tout faire pour venger la mort de son fils.
Remake de son propre film de 2014 Kraftidioten, Sang Froid se veut un grand film de vengeance au même titre que Commando ou Taken mais aussi une comédie policière absurde à la Fargo. Liam Neeson dans un revenge movie ? c’est étonnant. Déjà surexploité dans la série des Taken, l’acteur est le meilleur et le pire choix que l’on pouvait faire pour un film de ce genre. Mais là où tout autre auteur aurait tenté de jouer avec ce personnage pour mieux le détourner, Hans Peter Moland saute à pieds joints dans le piège du premier degré. N’y allez pas pour le suspense, il n’y en a pas. Le film entier est un mélange de tout ce qui a pu se faire de mauvais dans le « Revenge Movie ». La ligne est simple : une mort que le personnage n’accepte pas. Refusant la thèse du suicide, son couple se délite. Seul avec sa colère, il torture les gens pour trouver le grand méchant, il trouve le méchant, il tue le méchant, son couple se reforme car sa femme (cette idiote) le croit enfin lorsqu’il revient avec le fils du méchant (qui lui est gentil) et qu’il va bien sûr adopter au passage.
Non seulement le scénario est d’une faiblesse indigente mais la mise en scène tente de nous amadouer avec une forme que l’auteur voudrait originale voire (presque) « culte ». Mais là aussi, on tombe dans le ringard à la limite du plagiat. Croyant faire de l’humour à la hauteur des frères Coen, Moland récupère sans scrupule les ficelles de Fargo, essayant tant bien que mal de jouer avec des personnages secondaires décalés. Chez les frères Coen, tous les personnages sont décalés ce qui en donne une homogénéité à l’univers. Dans ce film, ces personnages contrastent avec le premier degré sans nuance de Nels, ce qui rend la tentative bancale, inadéquate et à la limite du ridicule. Dans la même veine, le « body count » utilisé comme chapitrage est maladroit, inopportun et déjà-vu.
Si on ajoute à ça une morale plus que douteuse, un humour du niveau d’un Vincent Lagaf’ sans talent (c’est dire), on obtient certainement le film le moins appréciable de ce début d’année malgré toutes les ambitions qu’il affiche. Même pas digne d’être qualifié de série B, Sang Froid est un mauvais film d’action déguisé en film d’auteur. Il est donc recommandé de revoir le vrai bon film qu’est Fargo des frères Coen, voire même le bississime Commando de Mark M. Lester qui vous feront rire de façons différentes certes, mais sans jamais décevoir.