Pour marquer l’année Bruegel, BOZAR organise à partir du 20 février 2019 une grande exposition inédite sur l’un des précurseurs bruxellois de la Renaissance : Bernard van Orley. Un artiste aujourd’hui méconnu mais pourtant essentiel pour appréhender le renouveau artistique dans les Pays-Bas méridionaux au début du XVIe siècle.
Intitulée Bernard Van Orley : Bruxelles et la Renaissance, l’exposition de BOZAR constitue la première grande rétrospective sur cet artiste né et mort à Bruxelles. Grâce à une collaboration avec les Musées royaux des Beaux-Arts et le Musée Art & Histoire, mais aussi avec de nombreux musées étrangers, BOZAR est parvenu à réunir une centaine d’œuvres de van Orley.
Un artiste de Cour
Considéré comme un précurseur de Pieter Bruegel l’ancien (1525-1569), Bernard van Orley (1488-1541) était un artiste très prisé à son époque. Sa renommée s’étendait bien au-delà des frontières de sa ville natale. Peintre officiel de la Cour dès 1518, il fréquente l’élite de son temps, d’abord à la Cour de Marguerite d’Autriche, puis auprès de Marie de Hongrie et de Charles Quint.
Son atelier bruxellois croule sous les commandes : portraits, peintures, retables… mais aussi tapisseries et vitraux. Si ces derniers, par nature, ne peuvent être exposés dans le cadre de la rétrospective à BOZAR, de magnifiques exemples des réalisations de van Orley peuvent aujourd’hui encore être admirés dans la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, tels le vitrail du Jugement Dernier (1528) et le vitrail représentant François Ier et Éléonore d’Autriche (1540).
L’un des points forts de l’exposition van Orley est sans aucun doute la mise en parallèle des œuvres peintres et des tapisseries monumentales, telle cette tenture prêtée par le Musée du Louvre à Paris, faisant partie de la célèbre série des Chasses de Maximilien :
Outre la richesse des détails et des matériaux (avec l’emploi d’une grande quantité de fils d’or), cette tapisserie offre un magnifique panorama de Bruxelles à partir du parc de la Warande en centre-ville. On distingue notamment, à l’arrière-plan, le Palais du Coudenberg (à gauche), la flèche de l’hôtel de ville (au centre), et les rous carrées de la collégiale Ste-Gudule (à droite). En mettant face à face certains tableaux avec ces tapisseries, l’exposition montre que l’artiste réutilisait fréquemment les mêmes compositions de base pour peindre et pour réaliser des cartons de tapisserie, les déclinant en différentes variations.
Un précurseur de la Renaissance flamande
Qu’il s’agisse de peinture ou des arts d’apparat, l’exposition montre bien l’évolution de van Orley sous l’influence des Renaissances allemande et italienne. Ayant étudié les primitifs flamands, van Orley maîtrise parfaitement l’art du drapé et peint, sur commande, plusieurs portraits et scènes religieuses assez caractéristiques de la tradition locale, comme ce portrait de Marie Haneton, fille du Premier Secrétaire du Grand Conseil de Charles Quint :
Les premiers retables commandés à van Orley présentent également de nombreuses caractéristiques classiques de la tradition flamande. On y retrouve ainsi un nombre important de personnages représentés à petite échelle dans plusieurs épisodes successifs d’un même récit, au sein d’un même panneau. Toutefois, au fil des années, ceux-ci se font de plus en plus originaux avec l’ajout de personnages plus massifs, aux visages plus expressifs, et aux corps en mouvement. Une évolution incontestablement liée à l’influence d’artistes étrangers comme Albrecht Dürer, que van Orley rencontre en 1520, mais aussi comme Raphaël, dont les cartons de tapisserie circulent dans les ateliers de Bruxelles suite à la commande de la Chapelle Sixtine à Rome.
Sur les traces de van Orley à Bruxelles
Après la visite de cette magnifique exposition, nombreuses sont les occasions de prolonger le plaisir. En plus de l’exposition parallèle sur L’estampe au temps de Bruegel, BOZAR organise diverses activités autour de Bernard van Orley jusqu’au printemps. Parmi celles-ci, les amateurs de littérature ne manqueront pas la Nocturne du 15 mai. Lors de cette soirée, cinq auteurs belges liront leur texte, inspiré d’une œuvre de van Orley, devant cette-même œuvre. Myriam Leroy, Jeroen Olyslaegers, Max Urai, Vamba Sherif et Ubah Cristina Ali Farah se sont prêtés au jeu.
En dehors de l’exposition proprement dite, il sera possible aux curieux de suivre les traces de Bernard van Orley dans la ville grâce au guide de promenade réalisé spécialement pour l’occasion. Celui-ci suggère notamment un détour par plusieurs lieux emblématiques de l’œuvre de van Orley. C’est par exemple le cas du quartier St-Géry au centre de Bruxelles, où l’artiste travailla avec plusieurs ateliers de tapisserie, et où il fut enterré en 1541. Les Halles St-Géry proposent d’ailleurs, à partir du 3 mars, une exposition mettant l’accent sur l’ancrage de Van Orley dans son la vie locale du quartier.
Pour ceux qui auront été impressionnés par les somptueuses tapisseries représentant des scènes de chasse, le centre d’art du Rouge-Cloître à Auderghem proposera à partir du 15 mars une petite exposition sur van Orley et son lien avec le site de la Forêt de Soignes. Une façon de montrer que les œuvres de l’artiste ont, en plus de leur valeur esthétique, une valeur documentaire, permettant de mieux comprendre ce que représentait la forêt pour les élites du XVIe siècle.
Infos pratiques
- Où ? BOZAR, Palais des Beaux-Arts, Rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles.
- Quand ? Du mardi au dimanche de 10h à 18h (21h le jeudi), du 20 février au 26 mai 2019.
- Combien ? 16 EUR au tarif plein. 22 EUR pour un ticket combiné avec l’expo L’estampe au temps de Bruegel. Tarifs réduits disponibles. Le ticket pour l’expo van Orley donne également droit à des réductions sur les billets d’entrée au Musée Art & Histoire et au Palais du Coudenberg.