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    American War, le concept ne fait pas le livre

    titre : American War
    auteur : Omar El Akkad
    éditeur : J’ai Lu
    sortie : 12 septembre 2018
    genre : dystopie

    Aux Etats-Unis en 2074, une nouvelle guerre de Sécession éclate entre les Etats du Nord et les Etats du Sud, opposés à tout contrôle des énergies fossiles. L’enfance heureuse de Sarat est rattrapée par ce conflit quand son père est tué dans un acte terroriste et que sa famille est contrainte de s’installer dans un camp de réfugiés. Là, sous l’influence d’un certain Albert Gaines, Sarat s’instruit et se radicalise. Les épreuves qui suivront l’endurciront et la transformeront en arme de guerre.

    Sarat, dont on suit l’histoire personnelle et familiale est un anti-héros qui ne suscite une adhésion que limitée. Plus le roman la dévoile, plus Sarat devient incompréhensible et ses motivations obscures. En cela, le personnage reflète le conflit à l’œuvre dans le livre où les enjeux sont plus variés (et moins nobles) qu’il n’y paraît et les idéologues plus flexibles que ce qu’ils ne prétendent. L’histoire a ainsi le mérite d’entretenir de bout en bout un récit où il n’y a ni bons ni méchants.

    Par ailleurs, la construction d’American War est très cinématographique. L’histoire principale est intercalée entre un épilogue et un prologue narré en « je » par le neveu de l’héroïne principale, Sarat. Entre les deux, l’histoire principale avance par à-coups chronologiques. Et elle est elle-même entrecoupée de séquences parallèles – des extraits de journaux, des comptes rendus de documents classés confidentiels, des témoignages, des discussions d’enquête. Ce découpage narratif et les repères géographiques et temporels inconnus du lecteur, rendent parfois la lecture fastidieuse. En effet, la narration fait référence à des lieux géographiques du territoire américain modifié par le changement climatique ainsi qu’à des dates et des événements que le lecteur ne connaît pas. Une ligne du temps, ou à tout le moins une carte en début du livre aiderait le lecteur à s’y retrouver et à se projeter dans un avenir qu’il n’a pas connu.

    La particularité du livre d’Omar El Akkad est aussi de décrire un monde qui semble à la fois dystopique et à la fois une « simple » transposition de conflits récents, par exemple en Iraq, sur le sol américain. Or, cet entre-deux délaisse des éléments clés puisqu’il n’est pas question de tensions religieuses ou raciales, ni même des conséquences géo-politiques du changement climatique. L’objectif de l’auteur était peut-être de rendre son récit intemporel, mais cela le rend au contraire un peu creux.

    American War est de prime abord un livre avec un concept intéressant. Cependant, le traitement laisse le lecteur un peu perplexe et pas convaincu.

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