Après des rénovations entamées il y a plus de dix ans, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique réouvrent au public leurs salles consacrées aux peintres du Siècle d’or hollandais. Une magnifique collection à découvrir en parallèle avec deux expositions temporaires.
2019 sera l’occasion de commémorer plusieurs figues majeures du monde des arts. Cette année marque en effet le 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci (avec une exposition exceptionnelle prévue au Louvre à Paris en automne), le 450e anniversaire de la mort de Bruegel (avec divers évènements en Flandre et à Bruxelles, dont l’exposition Bernard Van Orley à BOZAR), et le 350e anniversaire de la mort de Rembrandt (avec une grande exposition au Rijksmuseum d’Amsterdam).
Une plongée dans le Siècle d’or
Espérant capitaliser sur l’année Rembrandt aux Pays-Bas, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique annoncent la réouverture à partir du 1er février 2019 de leur collection permanente consacrée aux peintres du Siècle d’or hollandais. Si un seul tableau de Rembrandt y figure, on peut admirer les œuvres de nombreux autres artistes clés du « printemps hollandais » tels Nicolaes Maes, Abraham Bloemaert, Jan van Goyen, Jacob van Ruisdael, ou encore Pieter de Hooch. La centaine de peintures exposées se découvre au fil d’un parcours à travers neuf salles thématiques, allant des portraits aux paysages extérieurs en passant par les scènes de genre et les natures mortes.
Un portrait de famille inédit
Parallèlement à la collection permanente, le parcours Dutch Spring inclue deux expositions temporaires. La première, intitulée Les portraits de Frans Hals : une réunion de famille, rassemble plusieurs tableaux de Frans Hals (1582-1666), un artiste hollandais connu pour sa maîtrise de l’art du portrait. À l’origine de cette initiative : une découverte inattendue. Il se trouve en effet que le tableau intitulé Enfants de la famille Van Campen avec une voiture tirée par un bouc, conservé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique et restauré en 2016, fait en réalité partie d’un triptyque, qui formait à l’origine un seul grand portrait de famille. Pour des raisons encore non élucidées, le tableau a été scindé en trois parties à un moment de son histoire. Pour la première fois depuis le XIXe siècle, les trois fragments se retrouvent exposés côte à côte, offrant un portrait de famille véritablement unique, dont la réunification est expliquée dans une courte vidéo réalisée pour l’occasion.
Au-delà de l’histoire inédite de ce tableau démembré puis reconstitué, la salle consacrée aux portraits de Frans Hals permet de mesurer à quel point cet artiste a renouvelé l’art du portrait. Deux siècles avant l’avènement de la photographie, les tableaux de Hals offrent une impression remarquable de spontanéité. À l’opposé des portraits conventionnels où les sujets sont représentés de profil ou faisant face au peintre, les membres de la famille Van Campen interagissent entre eux : les enfants jouent, les parents se regardent… La vitalité qui se dégage contribue à créer l’impression d’une forte identité de groupe – un aspect des portraits de Hals probablement apprécié par ses commanditaires.
De la peinture au dessin
La deuxième exposition temporaire du parcours Dutch Spring est un Cabinet des plus merveilleux dessins du XVIIIe siècle. Le siècle qui fait suite au Siècle d’or témoigne en effet d’un engouement particulier des Hollandais pour les estampes et les dessins. Véritables « peintures sur papier », ces chefs d’œuvre réalisés à l’aquarelle et à la plume, souvent colorés, contrastent avec les dessins monochromes des périodes précédentes. Plus faciles à conserver et moins coûteux que les fresques monumentales, ils témoignent d’une variété de sujets impressionnante.
Les 80 dessins exposés incluent par exemple de nombreuses scènes mythologiques ainsi que des paysages évoquant l’Italie et son passé antique, telle cette représentation d’un port italien par Isaac De Moucheron figurant des ruines au premier plan :
Vers le milieu du XVIIIe siècle cependant, la tendance évolue en faveur de représentations de scènes plus réalistes et contemporaines, comme ce portrait d’un vieillard par Abraham van Strij :
Qu’il s’agisse de dessin ou de peinture, l’exposition Dutch Spring offre un aperçu remarquable de l’art hollandais à découvrir avec ou sans (audio)guide. Ceux qui aiment méditer devant une œuvre d’art peuvent même participer à des visites mindfulness organisée par Marjan Abadie deux fois par mois, sur l’heure de midi ou dans l’après-midi.
Enfin, pour vous mettre l’eau à la bouche avant la visite, n’hésitez pas à explorer les 34 œuvres de la collection numérisées en collaboration avec Google Arts & Culture. L’application mobile Second Canvas Fine Arts Belgium, disponible pour les iPhones et les smartphones Android, offre quant à elle la possibilité d’explorer en détail cinq tableaux. Mais on attend qu’elle soit enrichie d’autres œuvres plus emblématiques…
Infos pratiques
- Où ? Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 3 rue de la Régence, 1000 Bruxelles.
- Quand ? À partir du 1er février 2019, du mardi au vendredi de 10h à 17h et le weekend de 11h à 18h. Les expositions temporaires sur Frans Hals et sur les dessins du XVIIIe siècle se terminent le 19 mai 2019.
- Combien ? 10 EUR au tarif plein. Le ticket d’entrée pour la collection permanente du Musée Old Masters donne accès