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    Faites sortir les figurants, un certain regard sur les ombres du cinéma

    Faites sortir les figurants
    de Sanaz Azari
    Documentaire
    Présenté en avant-première le 23 janvier 2019

    Pour son nouveau documentaire, Sanaz Azari et son équipe s’introduisent en backstage des plateaux de tournages pour aller à la rencontre des femmes, des hommes, des adolescents et des enfants qui, par leur simple présence, permettent toute crédibilité à un film. Ceux qui figurent en arrière-plan deviennent ici les véritables protagonistes, avec leurs particularités et leur histoire.

    Sans figurants, on n’a pas de rue, pas de parc, pas d’aéroport ni de magasin. Sans figurants, on n’a tout simplement aucune crédibilité et donc pas de film. Faites sortir les figurants, c’est un documentaire sur la fiction, qui dévoile une réalité derrière les silhouettes sans noms et sans voix qui se déplacent sur des décors afin de rendre des scènes vraies.

    C’était un joli pari que d’aborder le sujet de la figuration, auquel de nombreux cinéastes ont certainement souvent songé sans jamais oser s’y attaquer. Voilà pourtant un terreau inépuisable d’histoires et de scénarios possibles, mais force est de constater que personne ne s’intéresse aux figurants. Qui fait vraiment attention à eux ? Les spectateurs les voient sans les regarder, comme les décors. Par leur simple présence physique, proche ou lointaine, ils permettent l’illusion de la réalité. Ils sont des décors vivants en somme.

    Dans la masse, des visages et des histoires

    Comme tout réalisateur porte un regard subjectif sur un sujet, Sanaz Azari a orienté le sien sur certains aspects de la figuration, faisant écho à des thématiques qu’elle souhaitait aborder, telle que l’appartenance communautaire et les stéréotypes s’y rapportant. « Tout groupe social considéré comme cliché m’intéressait (…) j’ai cherché des personnages qui pourraient s’extraire de leur étiquette de figuration pour poser un regard sur la catégorie dans laquelle ils se trouvent enfermés ». Pour ce faire, la réalisatrice a tenu à éviter les figurants professionnels habitués aux plateaux de tournages pour s’adresser à ceux qui ont été castés uniquement par rapport à leur nationalité ou à leurs caractéristiques physiques. Durant tout le récit, la caméra ne cesse de revenir sur des mannequins gonflables, empilés les uns sur les autres, sur lesquels des perruques et masques sont appliqués, déterminant leur visage, leur genre, leur appartenance ethnique. Ces plans très répétitifs et longs sont accompagnés d’une voix off récitant les annonces de casting de manière froide et détachée : « recherche femmes africaines, hommes typés Europe de l’est », ou encore « femme à l’allure disgracieuse ».

    Un sujet qui manque de profondeur

    Si la comparaison avec ces poupées plastiques en fait une métaphore révélatrice du traitement souvent expéditif et peu humain octroyé aux figurants, la longueur et l’aspect répétitif de ces plans lassent et cassent le rythme avec ceux axés sur les vrais figurants. Les interventions face caméra de ces derniers sont d’ailleurs trop peu nombreuses, par rapport à des plans d’ensemble très longs. On comprend que ce tournage n’a pas dû être facile, puisque l’idée était de filmer ceux qui le sont déjà sur d’autres projets. Sanaz Azari et sa productrice, Isabelle Truc (Iota Production), ont d’ailleurs eu du mal à se faire accepter auprès des tournages de fiction, et ce sont ces refus qui ont orienté l’angle pris par la réalisatrice, sur les étrangers en Belgique et la crise migratoire. Le thème de la figuration, méconnu et pourtant foisonnant en anecdotes, méritait cependant d’être développé d’une manière plus approfondie et drôle. Notamment en englobant les figurants dans leur ensemble, les novices mais aussi les habitués, en ciblant davantage leurs interactions avec les acteurs et techniciens, en montrant une journée type de tournage et en creusant davantage leurs motivations pour ce hobby particulier.

    Informations : Faites sortir les figurants n’est pas distribué dans les salles de cinéma actuellement. La seule projection prévue en Belgique sera le 7 février au Art Plaza à Mons.

    Déborah Neusy
    Déborah Neusy
    Journaliste du Suricate Magazine

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