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    Rencontre avec Andy Alt

    Ajourd’hui, nous vous proposons une interview un peu particulière. Ce ne sera pas une star internationale que nous allons vous faire découvrir, mais bien un monsieur qui a su mener sa barque de façon intelligente en faisant carrière dans le marketing et la musique. Andy Alt est aujourd’hui une référence dans le monde du marketing et l’un des proches collaborateurs du guitariste-virtuose, Steve Vai!

    Bonjour Andy. Merci de nous accorder cet interview pour nous faire découvrir ton univers. Tu as une carrière impressionnante en tant que musicien, tu as travaillé dans le marketing également avec de très grandes marques et tu es également un proche collaborateur de Steve Vai, le célèbre virtuose de la guitare. 

    Peux-tu expliquer à nos lecteurs comment tu as si bien réussi dans tous ces domaines au travers de tes collaborations ? Et quelle était ta motivation pour ce job ? 

    Merci de me donner l’opportunité de parler de mes passions. En fait, je pense qu’il y a un gros avantage à mélanger les choses pour arriver à en faire davantage. En tant que guitariste, je peux exprimer des sentiments au travers de sonorités et de notes. Cela me permet d’exprimer une partie de moi-même mais ne comble pas totalement le besoin que j’ai de m’exprimer. C’est pourquoi j’ai étudié la publicité et le comportement des consommateurs pendant quatre ans au collège. Cela m’a permis de travailler ensuite dans des agences de pub et aussi en tant que consultant indépendant.

    Ce mix d’ « hémisphère droit/hémisphère gauche » m’a permis d’avoir bien plus d’idées que si j’avais choisi de me concentrer à 100% dans un domaine.

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    Pour répondre à ta question, j’ai déménagé à Los Angeles après les études et je suppose que la chance a beaucoup joué dans ma réussite. J’ai auditionné pour un groupe qui allait signer chez Instrescope Records la semaine suivante pour enregistrer des démos.

    Le groupe a rapidement splité. Mais cela m’a donné l’occasion de me faire des relations. Ce qui m’a amené à rencontrer Barry Squire (actuellement manager chez Columbia records) et ainsi de partir en tourner et enregistrer avec divers groupes. Je joue actuellement avec Drake Bell (du programme Nickelodeon : Drake and Josh) et il y a un nouveau disque qui s’appelle Ready Steady Go ! produit pas Brian Setzer (un célèbre guitariste de Rockabilly). C’est un show qui me convient tout à fait et c’est un vrai plaisir de jouer pour les fans qui ont grandis avec cette émission.

    Parallèlement, je travaille avec différentes marques à la télévision. Ce qui m’a amené à cofonder une agence de pub à Santa Monica qui a pour but d’aider les startups dans le domaine du divertissement. Ca a bien marché pendant 18 mois. Puis j’ai eu la chance de ma vie : travailler avec Steve Vai. Et je su directement que cela me demanderait davantage d’implication.

    Actuellement, je suis Online Marketing Director pour Vai. Et nous avons collaboré ensemble également pour lancer GuitarTV.com.

    Cette combinaison m’a donné l’occasion de m’épanouir et de faire des découvertes, d’avoir d’autres buts.

    Tu as travaillé avec des marques et des musiciens. Quelle est la différence pour toi entre promouvoir une marque ou un musicien ? Est-ce qu’un musicien devient une marque lorsque l’on fait sa promotion ? 

    Chaque marque et artiste a une qualité unique qui peut être accentuée en employant des moyens créatifs et les médias. Chaque groupe essaie d’allumer la passion parmi leurs fans. Il est donc important pour moi de mettre en avant leur travail sur scène en le mettant en ligne ou au travers des médias. Que ce soit l’énergie dégagée ou les vibrations, différents facteurs de la musique peuvent inspirer et jouer un rôle dans la création visuelle qui atteint le fan.

    Pour ce qui est de Steve Vai, par exemple, sa musique, ses shows et son art sont très visuels. Il est donc logique que ses photos et ses albums reflètent la même virtuosité.

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    Alors quand vient mon rôle, comment dois-je écrire pour faire la promo d’un de ses concerts ? Est-ce que ça doit être simple ? Oui, mais ça ne suffirait pas de marquer :

    « Steve Vai passe en tournée dans votre ville, voici le lien pour les tickets.. » 

    C’est l’occasion de transformer quelque chose que tu admires en mots : « Un évènement qui va bouleverser l’histoire de la guitare et une musique inclassable arrive bientôt à Helsinki puisque le virtuose, vainqueur d’un Grammy Award, Steve Vai va venir peindre la ville en fuchsia, le désert en jaune et le loch Ness en vert avec son super groupe »

    Ça te donne la sensation qu’il y a un truc à ne pas manquer. C’est mon job de créer cette sensation pendant qu’on regarde une annonce en coup de vent sur le web .

    Les publics de Drake et de Steve sont très différents. Cela permet de comprendre ces artistes, leurs fans et ta place dans tout ça. Après, tu dois relier les points ensemble et chercher après des opportunités pour ton contenu.

    Tu travailles pour Steve Vai depuis longtemps, maintenant. Comment a commencé cette collaboration ? Qu’est-ce que tu préfères et quel est le point positif que tu en tires ? 

    J’ai rencontré Steve quand j’avais 15 ans à Pittsburgh. Mon père, mon cousin et moi sommes allés voir le G3 (Tournées particulières créées par Joe Satriani et qui rassemblent trois guitaristes). La performance de Steve m’a figé tel un éclair. Je me souviens être devenu fan immédiatement et cela a changé ma façon de ressentir la musique.

    Bien des années plus tard, alors que j’étais à LA, je vis qu’un ancien ami de Pittsburgh (Zack Wiesinger) devait faire la première partie de Steve Vai. Je l’ai donc félicité par email et quelques temps plus tard, nous étions de nouveau ensemble en colocation dans une maison à Van Nuys (Californie) et on jouait de la musique ensemble.

    Un jour, alors que je faisais du skateboard avec Zack, je suis tombé sur Pia (la femme de Steve Vai) à un festival de musique et cuisine italienne. A la fin de la soirée, j’étais la seule personne sobre. Donc j’ai conduit une voiture pour déposer chacun chez sois. Le dernier arrêt était la maison des Vai. Puisqu’il était 2 heures du matin, Zack et moi avons dormi sur leur divan du salon.

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    Le lendemain, Pia nous faisait un oeuf sur le plat et nous étions tous en train de de rigoler. Puis elle dit quelque chose comme « je dois faire un truc sur internet et c’est vraiment difficile ». J’ai sauté sur l’occasion pour l’aider. Nous avons passé du bon temps en créant des comptes sur le net. Au bout de quelques mois, Pia et moi avons créé un blog sur lequel elle rassembla ses photos et son expérience au travers des 25 années qu’elle avait passé à voyager à travers le monde. Elle sait chaque bon endroit où bien manger ou passer un bon moment dans chaque ville du monde.

    Cette session de travail lui plu beaucoup et elle en parla à Steve. Quand je vis Steve Vai, je lui proposai de refaire une interface pour Favored Nation, le site du label qu’il avait fondé. Je lui proposai aussi une application pour iPhone (c’était bien avant qu’il y en ait des milliers). Ensuite, j’appris que j’étais nommé responsable pour le site vai.com et on commença à parler de cette vision que Steve avait et s’appelait Guitar TV. Mais c’est une autre histoire. Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que je fus chanceux de connaître tous ces gens. Mais plus important, je cherchai des opportunités là où j’étais capable de contribuer à satisfaire un besoin et en faire une chouette expérience.

    J’ai appris beaucoup à propos du business, du partage en musique, de la concentration et de la dévotion grâce à Steve. Ce travail est gratifiant et pour contre-balancer, l’humour est très présent. Je dirais que le fait de rire est la meilleure chose. Tu te rends compte que tu n’as aucun contrôle alors que tu parles du fait de vouloir tout contrôler entre le son, l’esthétique, etc, A un moment donné, quelqu’un fait une remarque et tu éclates de rire.

    Je sais que tu t’es impliqué dans plusieurs projets avec Steve comme cette chaîne de télévision. 

    Quel est ton prochain projet?

    Je ne sais pas très bien. Chaque email avec l’équipe de Steve (Management, le bookeur, les partenaires d’instruments de musique, d’autres musiciens, l’équipe de vai.com) a quelque chose de nouveau et de fun à travailler. La page Facebook de Steve et son site internet demandent déjà beaucoup d’organisation.

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    Tu es un musicien incroyable également et tu as fais la première partie de Steve récemment.

    Comment cela s’est passé?

    Merci pour ce compliment. Et bien, en fait, étant membres de l’équipe Vai, nous postions des publicités à propos du concours Sam Ash « Best in Shred » aux fans. Le gagnant de ce concours  ayant fait une prestation dans un magasin et jugé par un jury local devait faire la première partie de Steve Vai. Comme je suis assez inventif à la guitare, je me suis dis «  voilà l’occasion de partager ce que je fais! ». Et puis ce serait chouette d’annoncer la nouvelle à Steve. J’ai eu la chance de remporter la première place du concours de Los Angeles et j’ai donc fais la première partie de Steve au Ventura Theater. C’était incroyable et tellement fun! Une vidéo a été tournée et devrait faire surface bientôt pour le lancement de mon produit.

    Quelles furent tes influences musicales?

    Jimi, Stevie, Jimmy, Steve, James, Stephen, Neil, Neal, Beck, Beck et Charles. (A vous de deviner qui se cache derrière ces prénoms)

    Comment as-tu commencé à jouer de la guitare?

    Mon père jouait de la guitare à la maison lors des occasions spéciales. Il avait une Gibson B25N de 1964.

    Il en prenait grand soin et la mettait hors de portée. Un jour, mon père joua une petite mélodie bluesy et me donna la guitare. Je ne sais pas comment cela se fait mais à force de l’avoir vu jouer, je savais où placer mes doigts. Je pense que ça l’a vraiment surpris. Au point qu’il m’acheta ma propre guitare. Un an et demi plus tard, je jouait Jimi Hendrix et Led Zeppelin. J’essayais que les filles de 13 ans prêtent attention à un petit gars de 12 ans comme moi.

    Est-ce que tu prévois de continuer à travailler en solo à l’avenir?

    Oui, bien entendu. Mais il faut que le résultat ait une utilité. Est-ce que c’est le bon moment pour aller en studio et enregistrer? Est-ce nécessaire? Et la réponse est: oui! Je me suis donc rendu au 4th street recording de LA (où ont aussi enregistré des groupes comme Muse ou Incubus). J’y ai enregistré une chanson et j’ai trouvé ça très divertissant de jongler entre la guitare, la basse, le chant et les divers instruments.

    Tu as un son de guitare très typé. En observant ta guitare, j’ai remarqué que tu avais un modèle très particulier. Peux-tu nous en parler?

    En effet, cette guitare est très spéciale. Elle a été faite par un luthier renommé qui est aussi l’un de mes amis, James Trussart. Ses guitares ont une résonance magnifique. James Trussart est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience dans l’innovation et l’expérimentation au travers de ses instruments.

    Lorsqu’il appris que je voulais innover de par mon jeu de guitare, il me prêta une guitare pour l’essayer et voir si je pouvais atteindre mon but grâce à son inventivité.

    C’est ainsi que l’on en est venu à travailler ensemble sur un modèle prototype de micro et une guitare spécialement étudiés pour moi à son Custom Shop. James m’a ainsi fabriqué une guitare métallique appelée une Deluxe Steelcaster (Plus d’infos sur JamesTrussart.com)

    Tu as eu quelques bons moments sur scène?

    J’en ai eu quelques-uns en jouant de la guitare et en appréciant la complicité avec les musiciens qui m’accompagnaient. Je voulais jouer les plus belles notes ou les plus beaux accords que j’aurais toujours voulu entendre sortir d’un ampli à lampes. Quand ça fonctionnait, c’était dément. Quand ce n’était pas le cas, je devais trouver un moyen de revenir à niveau.

    Le pire problème sur scène c’est un mauvais retour. Tu ne peux t’entendre ou tu n’entends que toi. Ce genre de chose peut tout ruiner. Des guitaristes comme Pete Thorn semblent pouvoir jouer sans ce soucier de cela grâce à leur expérience. J’essaie d’apprendre à faire la même chose et à chaque performance, je m’améliore. Je n’hésites pas à dire à l’ingénieur du son de baisser ou monter un moniteur s’il le faut pendant le show.

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    Que penses-tu de l’évolution de la promotion des artistes sur internet?

    Je pense que c’est incroyable de voir la façon que des sites comme MySpace ont standardisé les formats et permis aux artistes d’être vu sur plusieurs médias à la fois. Il y a tellement d’outils pour t’aider à promouvoir ta musique au nouveau public en quelques clics. Alors qu’il t’aurait fallu une semaine de travail pour faire le même travail auparavant. Une fois que tu as fais cela, je crois que c’est plus une question de remplir tes chaînes avec du contenu pertinent qui représente ton message. Internet grandit de jour en jour. Cela veut dire que chaque jour, de nouveaux fans peuvent connaître ta musique au travers de Instagram, Facebook et d’autres réseaux sociaux.

    Le seul problème avec un artiste qui essaie de percer de cette manière, c’est de se faire un chemin au travers du désordre.

    Il n’y a pas de véritable truc pour y arriver mais je pense que le fait de partager ce dont tu es vraiment fier est le meilleur moyen d’y arriver.

    Penses-tu que chaque musicien a possibilité d’être vu sur la toile? Ou est-ce que le fait d’avoir aujourd’hui trop d’artistes fait que l’on en voit finalement aucun?

    Encore une fois, on en revient au désordre. Pour moi, chaque artiste est unique par définition. Ceci dit, quand j’écoute un groupe, je pense toujours « ils sonnent bien, mais ils essaient trop de faire du John Mayer » par exemple. Et ça me pousse à changer de radio. Si je joue quelque chose qui n’est pas le fruit de mon expérience, mon intérêt et ma recherche musicale, cela n’a aucun intérêt de te faire entendre quelque chose qui est une imitation de quelque chose.

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    As-tu un conseil à donner à quelqu’un qui veut se lancer dans le marketing?

    Il te suffit de regarder ton Facebook. Il y a-t-il quelqu’un que tu admires parmi ceux que tu suis? Regardes comment il écrit et communique avec le public. Le façon de sélectionner leurs images. Si cela t’inspire, sers-toi en pour ton propre projet.

    Tu peux essayer de faire des projets de pubs pour de grandes marques, garder tes meilleurs idées dans un carnet de notes, faire des graphiques aussi,…

    Une fois que tu as une dizaine de projets solides, tu peux les poster sur un portfolio en ligne et le proposer à des agences de pub, des marques ou des artistes pour élever tout ça à un autre niveau. C’est ce que j’ai fais toute ma vie. Exercer mon esprit à trouver le meilleur à chaque fois.

    Merci de nous avoir consacrer du temps. Nous te souhaitons beaucoup de succès dans tes futurs projets.

    Christophe Pauly
    Christophe Pauly
    Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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