Climax
de Gaspar Noé
Drame, thriller
Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub
Sorti le 21 novembre 2018
Au cours des années 90, une troupe de danseurs se réunit pour des répétitions, en vue d’une tournée qui passera notamment par les États-Unis. le soir qui précède leur départ, ils décident d’organiser une fête, sans se douter qu’elle va tourner au cauchemar…
Gaspar Noé est de ces cinéastes qui divisent, et ce n’est clairement pas son nouveau projet qui viendra changer cet état de fait. Après Love, voici donc Climax. Le réalisateur y enferme ses personnages dans un local de répétition, puis prend son temps pour installer l’ambiance, en faisant dans un premier temps la part belle aux discussions et aux numéros de danse, dont certains sont réellement impressionnants. Cela lui permet de mieux observer la situation vriller par la suite, l’euphorie de la fête laissant peu à peu place à la paranoïa, à l’hystérie de masse et aux violences en tout genre, le tout laissant peu d’espoir concernant la possibilité de vivre en communauté.
Bien que parfaitement distinctes, les deux parties sont pourtant reliées, ne serait-ce que par l’impression que les scènes de la seconde moitié du film sont en partie chorégraphiées, ou par la virtuosité de la mise en scène. Surtout, le long-métrage repose en grande partie sur l’improvisation.
Armés du simple déroulé de l’histoire, Gaspar Noé et sa troupe formée de danseurs/acteurs (comédiens et non professionnels) ont développé la majorité des scènes ainsi que l’intégralité des dialogues au cours du tournage même, étalé sur seulement 15 jours. Cela apporte à la fois sa principale force au long-métrage, et constitue paradoxalement son point le plus facilement critiquable, tant sa liberté influe totalement sur son appréciation.
Pour peu que l’on accroche ni au procédé de Climax, ni à son traitement, on pourra avoir l’impression de se retrouver face à une œuvre certes techniquement fort digne d’intérêt, mais empesée par un scénario inconsistant et par l’hystérie transmise par une interprétation en apparente roue libre. À contrario, pour qui se laisse emporter, l’expérience sera totale. Le fait de laisser les interprètes s’approprier leurs personnages les rend on ne peut plus vivants. La réalisation, qui les suit au plus près et fait la part belle aux plans séquences, alimente l’impression de proximité que l’on peut ressentir avec les différents protagonistes. De quoi pleinement immerger le spectateur, ce qui se remarque d’autant plus quand l’ambiance devient réellement anxiogène. Film de danse autant que thriller horrifique, Climax se révèle ainsi être un voyage aussi éprouvant que galvanisant, du genre qui laisse le spectateur sonné et continue à le poursuivre bien après la projection.