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    Ithaque, une odyssée au Théâtre National, jusqu’au 17 novembre

    Inspiré d’Homère Dramaturgie, scénographie, réalisation Christiane Jatahy Avec Karim Bel Kacem, Julia Bernat, Cédric Eeckhout, Stella Rabello, Matthieu Sampeur, Isabel Teixeira. Du 7 au 17 novembre 2018 au Théâtre National. Crédit photo : Elisabeth Carrechio

    Il y a un an on découvrait What if they went to Moscow ?, un spectacle mis en scène par Christiane Jatahy qui a été salué par une standing ovation par le public du Théâtre National. Entre théâtre et cinéma, les portraits de trois sœurs racontaient une histoire de changement et de vie en englobant le spectateur dans un dispositif inédit et surprenant. Dans la même salle, cette année, on retrouve les artistes brésiliennes accompagnées par trois comédiens belges et une scénographie singulière qui découpe la scène de la Grande salle en divisant les spectateurs en deux groupes, séparés par un double rideau opaque.

    Cette fois-ci, on parle de migrations, d’envie de revenir, d’odyssées. D’un côté du rideau on est dans l’ile de Calypso, où Ulysse passe des jours et des nuits en attendant de rentrer chez lui, son abri alors que dehors c’était la guerre et que son corps fatigué par le voyage ne le soutenait plus. De l’autre côté, on trouve Ithaque où Penelope attend son homme en essayant d’éloigner les prétendants qui, entre-temps, détruisent tout et cherchent à prendre la place du gouvernant. 

    Ithaque, c’est une histoire d’exodes et de retour. 

    Toutes les comédiennes jouent Calypso et Penelope, tandis que les comédiens incarnent Ulysse et les prétendants. Le jeu d’acteur, spontané et naturel, construit une relation directe au spectateur qui se sent tout de suite impliqué dans le spectacle. En effet, quand on rentre dans la salle, on dirait que le spectacle a déjà commencé. Deux histoires se passent en parallèle, l’une devant nos yeux, l’autre derrière ce rideau noir qui est une frontière perméable entre l’ici et l’ailleurs. Les comédiens jouent sur les deux fronts en rentrant et en passant d’un côté à l’autre et on devine, par-ci et par-là quelques silhouettes et des voix de ce qui se passe de l’autre côté. Des rumeurs, on pourrait dire, des échos.

    Parfois malheureusement les voix qui viennent de l’autre côté se superposent au jeu d’acteur des scènes que l’on est en train de regarder et rendent difficile l’immersion dans le spectacle. Malgré des tentatives (qui semblent parfois un peu improvisées) de jouer avec ces « interférences », par moments le dispositif semble un peu bruyant. Quand le rideau se lève, et les deux groupes de spectateurs se retrouvent l’un face à l’autre, sur l’écran au-dessus de la scène apparaissent des grands plans tournés en temps réel juste en-dessous. Les comédiens traversent le plateau en courant pour filmer des détails bien mis en scène et les images projetées sur l’écran rappellent les tragédies des migrants qui, dès nos jours, traversent les mers en quête de répits.  

    Tout ce dispositif scénique est décidemment spectaculaire, ainsi que les scènes jouées sur un plateau rempli d’eau et les choix de mise en scène. Cependant, on se demande dans quelle mesure l’Odyssée a inspiré ce spectacle parce que l’on pourrait avoir du mal à repérer les éléments (le mal du Pays, l’attente…) qui rendent Ulysse un symbole encore d’actualité. Par moments la forme a peut-être pris le dessus sur le contenu.

    Elisa De Angelis
    Elisa De Angelis
    Journaliste du Suricate Magazine

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