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    L’Indolente lève un coin du voile sur le mystère Marthe Bonnard

    auteur : Françoise Cloarec
    édition : J’ai Lu
    sortie : septembre 2018
    genre : roman biographique

    Elle apparaît sur les toiles d’un des plus grand peintre qui officia de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, celles de Pierre Bonnard. Toujours nue, reproduite dans des poses de la vie quotidienne, elle sera la muse de ce grand peintre qui à travers son corps expérimentera de nouvelles manières de travailler la couleur. Mais qui était-elle, celle que l’on surnommait l’indolente et qui, rien que par sa présence, nourrissait l’inspiration de son inclassable peintre de mari?

    Un jour, Pierre Bonnard croise la route de Maria Boursin, 24 ans, à la sortie de l’atelier son travail où elle confectionne des fleurs en tissus. C’est le coup de foudre instantané et réciproque. Mais Maria ne veut pas faire fuir cet homme qui, pour elle ne sait quelle raison, la subjugue. Lorsqu’il lui demande son nom, elle répond qu’elle s’appelle Marthe de Méligny, orpheline d’une famille noble désargentée, 16 ans. Elle se crée en ses quelques mots une nouvelle identité. Marthe de Méligny veut effacer Maria Boursin pour écrire une nouvelle page de sa vie.

    L’histoire d’amour de Marthe de Méligny et Pierre Bonnard durera 50 ans. Avec ses hauts et ses bas bien sûr, mais qui firent naître les plus belles toiles du peintre. Marthe est partout et prouve l’influence que sa présence avait sur le processus créatif de son mari. C’est oeuvres sont également les témoins du profond attachement et de la passion qu’avait le peintre pour cette femme dont il ne douta jamais de la sincérité (semble-t-il). Pourtant, Marthe, n’avait pas un caractère facile, elle souffrait d’asthme – ou de tuberculose jamais nommée – et son caractère devint de plus en plus exécrable. Pourtant, jamais le peintre ne se résoudra à se séparer d’elle et il s’occupera d’elle jusqu’à ce qu’elle succombe à un arrêt cardiaque.

    Le mensonge de Maria Boursin quant à son identité va pourtant avoir une conséquence tout à fait inattendue. En épousant le peintre sur le tard elle devint légalement Marthe Bonnard. Mais elle avait tellement bien réussi à garder le secret sur l’existence de sa famille, que tout le monde était persuadé qu’elle n’avait ni parents, ni attaches. Lorsque Pierre Bonnard décède se pose le problème de la succession. Les héritiers de Maria Boursin apparaissent et réclament leur part de l’héritage qui s’élève tout de même à plusieurs centaines de millions de francs. Ce sera seulement à l’issue de 16 ans d’âpres batailles judiciaires qu’une jurisprudence sera établie élargissant le droit moral des artistes.

    Sous la plume inimitable de Françoise Cloarec, Maria Boursin, Marthe de Méligny, Marthe Bonnard sont les différentes pièces d’un même puzzle qui permet de résoudre en partie les énigmes qui pavent la vie de la femme de Pierre Bonnard. Si les phrases très courtes peuvent être percutantes et donner plus de rythme à un texte, leur répétition donne aussi quelque fois l’impression de lire une liste de course et le fil rouge du texte à tendance à s’estomper. Cela dit, L’Indolente est un roman tout à fait agréable à lire : une belle histoire d’amour racontée par petites touches colorées à la manière des impressionnistes.

    Daphné Troniseck
    Daphné Troniseck
    Journaliste du Suricate Magazine

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