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    Un tour du monde au festival Francofaune

    On est vendredi soir, pas question de rester chez moi !

    Le festival Francofaune bat son plein depuis 8 jours et je ne résiste pas à la tentation d’y faire quelques (belles ?) découvertes ce soir. Mais le festival Francofaune, c’est quoi ? Francofaune est un jeune festival qui existe depuis 2014 et propose 10 jours de musique live en français, 50 concerts dans des styles tous azimuts : world music, indie rock, ska, pop sombre, slap, hip-hop et j’en passe !

    Ce soir, j’ai le choix entre trois salles mais je me décide pour la salle Via Via vu l’affiche impressionnante et diversifiée : 6 groupes vont s’y succéder sur une seule soirée ! Et l’entrée est gratuite ! Que demande le peuple ? Curieux, un peu perplexe sur ce qui m’attend, j’arrive sur la place Sainte-Catherine et je pénètre dans l’antre du café Via Via.

    Zut, j’ai raté le groupe « Goodbye Moscow ». Il est déjà 19h et je découvre la suissesse Phanee de Pool, seule sur une scène qu’elle occupe avec un portrait de Luis Mariano. Luis Mariano est en réalité le titre d’une chanson qu’elle a écrite et diffusée sur internet en 2016 et dont le succès la décide à se lancer dans la musique. Phanee ne fait pas qu’assurer à la guitare, au chant, au piano, au rythme et au looper ! Elle se met en scène de façon très théâtrale et déclame sa poésie avec justesse et émotion. Elle nous raconte l’intime, le quotidien avec ici et là des petites touches d’humour qui mettent le public dans sa poche. Avec Phanee, on se sent à la maison. Elle nous parle de son frigo, des miettes sur le canapé et livre ses chansonnettes sous forme de saynètes, avec son style propre : le « slap », mélange de rap et de slam. Une artiste à suivre, assurément…

    Suit le groupe belge « Ici ». Ce jeune groupe liégeois propose des compositions rock sobres et assez noires. On peut regretter que la balance son un peu brouillonne ne m’ait pas permis de m’emparer totalement de leur univers. Le groupe, emmené par un excellent batteur et un chanteur habité par ses compositions, offre un set puissant. Les mélodies tourmentées et les textes sombres baignent le spectateur dans une ambiance un peu malsaine et introspective.

    Le chanteur français Erwan Pinard et ses deux compères s’installent. Le chanteur pose directement le ton, avec des compositions très noisy, des riffs de guitare bien gras et des textes poétiques mais acides. Le personnage est charismatique et sa présence sur scène est magnétique. Il aligne ses titres les uns après les autres, sans chichi, et l’une de ses chansons me fait même penser au punk des Béruriers Noirs. Erwan Pinard a de l’humour et il ne s’en prive pas pour en jouer, ce qui réjouit le public. Notamment lorsqu’il exécute un rappel ; une chanson de moins d’une minute emballée dans trois accords de guitare dont l’un extrêmement disgracieux…

    Le groupe « Jaune toujours » prend ensuite ses quartiers. Et dire que ces vieux briscards sillonnent la route depuis 1993, déjà ! Le band se compose d’une contrebasse, d’un accordéon/chant et d’une belle section cuivre. Fini la morosité, la noirceur et la déprime, cette fois, on est parti pour danser ! Jaune toujours est un groupe festif, qui oscille entre le reggae, le ska, le rock et rappelle à certains moments la musique des balkans d’Emir Kusturica. Impossible de rester immobile : dès les premières secondes, tout le monde se dandine, sautille au son des « ska, ska, ska, ska ! ». Le groupe réveille les ardeurs du public et le final est une véritable ode à la fête. Il faut chaud, vite une Westmalle triple bien fraîche !

    A peine le temps de finir ma bière qu’arrive sur scène l’ami Jacobus, de la Nouvelle-Ecosse (au Canada). C’est le moment hip-hop. Ce grand barbu à la ZZ Top déboule avec son double (même barbe) et son DJ (sans barbe). Jacobus envoie du bon gros son, des samples bien sentis et des paroles en français, anglais, acadien, le tout avec un terrible accent canadien. Le mélange est vraiment étonnant. La sauce met un peu de temps à prendre, le public prend le temps d’arriver et c’est parti ! Jacobus se permet même un petit tour de magie en plein milieu de sa prestation. Le second degré fait visiblement partie du package quand l’homme fait reprendre au public le refrain (canadien, il va sans dire) « la neige est fondue »…

    J’ai pour ma part passé une excellente soirée, bousculé dans mes habitudes mais réveillé et certainement plus riche grâce à ces artistes hors du commun. Vous êtes curieux, vous aimez la diversité, l’originalité et l’inattendu. Courez, mes frères et mes soeurs, le festival Francofaune est pour vous !

    Plus d’infos sur le site du festival

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