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    L’Attentat : une adaptation puissante qui dépasse le roman

    De Vincent Hennebicq, inspiré du roman L’Attentatde Yasmina Khadra, avec Atta Nasser. Musique de Fabian Fiorini et voix de Julie Calbete. Du 3 au 17 octobre 2018 au Théâtre National. Crédit photo : Hubert Amiel.

    Le spectacle de Vincent Hennebicq mélange avec bonheur performance d’acteur, reportage vidéo et quatuor musical pour offrir une adaptation magistrale et percutante du roman à succès de Yasmina Khadra, L’Attentat.

    Dès sa sortie en 2005, L’Attentat de Yasmina Khadra (pseudonyme de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul) est un succès en librairie. Il fait rapidement l’objet de nombreuses adaptations : au cinéma, au théâtre, et même en bande dessinée. Khadra fait le pari de traiter d’un sujet ultrasensible – les attentats kamikazes commis par des Palestiniens en Israël – par le biais de la fiction, en soulignant le drame humain vécu par les proches de terroristes et les questions qui se posent à eux. Amin, jeune chirurgien arabe qui vit à Tel Aviv, apprend avec horreur que sa femme s’est fait exploser dans un restaurant, tuant près d’une vingtaine de civils et blessant de nombreuses autres personnes. D’abord incrédule, il quitte progressivement son attitude de déni pour chercher à comprendre cet acte incompréhensible. Pour cela, il prend la route de Jénine en territoire occupé : là où tout a commencé…

    Plus qu’une adaptation théâtrale, L’Attentat de Vincent Hennebicq est un spectacle multiforme qui dépasse le roman tout en conservant sa force brute et la justesse de ses questionnements. L’acteur palestinien Atta Nasser incarne le personnage d’Amin. Il s’exprime en arabe (avec des sous-titres en français et en néerlandais) et sa performance est remarquable, à la fois subtile et émouvante, sans jamais tomber dans le mélodrame.

    À ses côtés sur scène, quatre musiciens et une chanteuse soliste. La partition de Fabian Fiorini déroute légèrement au début mais, très vite, la voix de Julie Calbete magnifie les émotions ressenties par le spectateur. Quant aux séquences vidéo, elles offrent une dimension supplémentaire au récit originel en donnant la parole à des Palestiniens et à des Israéliens. Des individus filmés en 2017 et dont les propos, parfois très tranchés, mettent en perspective le dilemme d’Amin : Faut-il chercher à s’intégrer dans une société qui méprise votre communauté ? Peut-on vivre heureux dans sa bulle sans ressentir la violence du monde qui nous entoure ? La femme d’Amin n’a pas réussi à oublier, à pardonner. Sa dignité bafouée l’a amenée à commettre l’irréparable, dans un cercle vicieux où la haine et l’incompréhension laissent peu de chance à la paix… Un spectacle essentiel à voir jusqu’au 17 octobre.

    Soraya Belghazi
    Soraya Belghazi
    Journaliste

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