L’Ombre d’Emily
de Paul Feig
Policier, Thriller
Avec Anna Kendrick, Blake Lively, Eric Johnson
Sorti le 26 septembre 2018
On le connaissait pour ses comédies populaires telles que Mes Meilleures Amies ou encore Les Flingueuses et pour ce sens de l’humour dont le caractère « déjanté » rimait bien souvent avec nigauderie voire grossièreté, mais c’est dans un tout nouveau genre que s’essaye Paul Feig avec L’Ombre d’Emily. Dans la même lignée que Gone Girl et La Fille du train, le réalisateur américain s’inspire d’une nouvelle écrite par Darcey Bell, Disparue, pour accoucher cette fois d’un thriller qui place la femme au centre de toutes les attentions.
Stéphanie (Anna Kendrick) est une femme célibataire névrosée dont l’existence est réduite au seul désir de devenir la mère la plus parfaitement irréprochable et qui, toujours dans sa quête d’exemplarité, tient un blog de conseils et de recettes utiles pour ses amies mommys. Mais tout bascule dans la vie bien rangée de la jeune Stéphanie lorsqu’elle croise le chemin d’Emily (Blake Lively), dont le style et la classe l’intimident et la subjuguent. Sauf qu’un jour Emily s’évapore, laissant un mari et un fils derrière elle. Et c’est alors que Stéphanie l’empathique se transforme en agent double pour découvrir la vérité sur cette étrange disparition, enquête qui va faire remonter à la surface pas mal de secrets que semblait vouloir cacher l’élégante amie.
Si le coup de la belle et mystérieuse gazelle qui s’évanouit dans la nature, c’est déjà vu et revu, il suffit de voir la bande-annonce pour comprendre que Paul Feig entend bien réinventer l’histoire à sa sauce. Et c’est sur l’ambiance classy que le réalisateur va faire la différence. Car il y a vraiment un rappel de ce coté froid et élégant dont nous parle le film dans les vêtements haute couture, la maison moderne et minimaliste et dans la bande-son frenchy (avec des artistes comme Cœur de pirate ou Françoise Hardy). Et puis ce n’est pas parce qu’il se lance dans un scénario plus dramatique que le réalisateur est prêt à abandonner son sens de l’humour potache – comme la trace laissée par dix ans dans le monde de la comédie américaine – mais il faut bien le reconnaître, ses plaisanteries sont bien plus agréables à petites doses comme c’est le cas dans L’Ombre d’Emily.
Et L’Ombre d’Emily s’intéresse vraiment à la femme et à sa place dans la société puisque ce sont elles, mesdames – et de manière un peu clichée d’ailleurs – qui prennent les devants à l’écran. Alors on ne sera pas surpris de retrouver l’éternelle beauté énigmatique dans ce qu’elle a de plus perfide, la traditionnelle femme au foyer, sans parler des habituelles mégères qui gravitent dans leurs cercles de connaissances. Donc même si elles prennent le pouvoir, les femmes restent ici confinées à des rôles qu’elles connaissent déjà.
Quoi qu’il en soit, L’Ombre d’Emily, sans être le chef d’œuvre du siècle est assez agréable à regarder. Bien qu’il ne casse pas trois pattes à un canard, ce thriller un peu comique emporte facilement et avec raffinement le spectateur dans des jeux de frayeurs et de rires.