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    Et des poussières… quand les souvenirs refont surface

    De Michel Bellier, mise en scène de Joëlle Cattino, avec Jean-Michel Balthazar, Emmanuel De Candido, Hakim Louk’man et Anne Sylvain. Du 5 septembre au 20 octobre à 20h30 au Théâtre Le Public.

    Pour ouvrir sa saison 2018-2019, le théâtre Le Public propose un spectacle de mémoire collective sensible et poignant sur notre histoire charbonnière.

    Nous sommes quelque part entre Charleroi et Valenciennes, dans le Pays Noir où Michel Bellier s’en est allé interroger l’histoire. Pas seulement celle des archives, des coupures de presse et des plaques commémoratives. Mais surtout celle qui redonne vie et voix aux petits destins de la classe ouvrière minière. Fruit de son travail en résidence, Et des poussières… exhume des souvenirs d’hommes et de femmes dont les destins se sont croisés début du XXe siècle au pied des terrils.

    Un historien parcourt d’anciens sites miniers à la recherche de la vérité. Il découvre des centaines de boites et en ouvre quelques-unes avec nom et photo. Il fait voler la poussière couvrant des vies enfouies. Tadeusz Cisowski vient probablement d’un pays de l’Est, là où les noms et les vies sont compliqués. Mais personne ne le sait vraiment. Il est arrivé chez nous pour travailler comme mineur de fond. Avec une toux à secouer la terre, il témoigne du passé. De sa vie souterraine, on en apprendra beaucoup sur l’âpreté de ses débuts, à l’âge de douze ans. Arraché à son bled, Saïd se souvient, lui, de son recruteur et des conditions indignes de son départ du Maroc : un contrat de dix-huit mois sans protection médicale, avec interdiction de se syndiquer. Et puis, il y a Rosa, l’immigrée italienne, la femme de l’ombre. Elle vit pour aider les hommes. A chaque retour de la fosse, elle a la peur au ventre à l’idée de perdre son mari.

    Tous les trois racontent à l’historien leur quotidien dicté par la survie matérielle. Entre fierté, colère et souffrance, les hommes dépeignent les dessous de la terre : la poussière, la chaleur étouffante, les gestes mécaniques du marteau-piqueur, la peur de descendre, le temps de travail en points Bedaux, la résistance physique, la silicose… Tour à tour, ils sondent leur cœur, reviennent sur le poids de leurs sacrifices. Le jeu des comédiens, juste et puissant, nous aide à ressentir le verbe des mineurs ainsi que l’ambiance qui agite les cités minières.

    Grâce à une mise en scène inventive et inspirée, le public est placé au cœur de cette histoire. Le décor sonore apporte un timbre particulier, les éclairages et les objets créent une atmosphère d’époque. A la lisière entre l’installation, le documentaire et le théâtre, Et des poussières est un spectacle touchant qui anime la mémoire des disparus tout en leur rendant leur dignité. Mais c’est aussi une fable sortie tout droit des entrailles de la mine qui interroge la vision du travail du passé pour mieux éclairer celle de notre présent. Pour Michel Bellier, son histoire veut « laisser la mémoire se raconter, voyager vers le passé et dévider le fil pour un futur à construire ». Que pouvons-nous retenir des souffrances endurées par la classe ouvrière minière ? Quelles leçons pouvons-nous retirer de ce travail de mémoire collective à la lumière d’aujourd’hui ?

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