Le troisième jour de la programmation du Brussels Summer Festival 2018 était consacré au rap, du moins sur la main stage sise Place des Palais. Lord Gasmique, La Smala, Roméo Elvis et Orelsan ont en effet livré des prestations très énergiques face à un public déchaîné, à la moyenne d’âge bien plus basse que les deux jours précédents. Qu’à cela ne tienne, on a fendu littéralement la foule pour vivre l’expérience au plus près, quitte à rentrer les vêtements imbibés de bière et l’intime conviction d’être devenus des fumeurs passifs.
Roméo Elvis, sans le motel et à l’avance
Découvert – pour notre part – du côté de Ronquières l’an dernier, Roméo Elvis fait partie de cette jeune génération d’artistes qui a redonné ses lettres de noblesse au rap bruxellois, trop longtemps laissé à l’abandon au profit de la scène hexagonale. Il n’était dès lors pas étonnant de voir plusieurs milliers de personnes hier soir pour applaudir l’interessé.
Mais voilà, plusieurs milliers de personnes, cela met du temps à entrer… surtout quand l’artiste entame son show un quart d’heure à l’avance. Résultat des courses : quelques déceptions entendues ci et là, mais rapidement effacées grâce aux sonorités entraînantes et aux couplets efficaces de Roméo Elvis.
Accompagné de Todiefor en remplacement de Le Motel, le Bruxellois a clamé haut et fort son amour pour sa ville et ses habitants, narrant à intervalles réguliers les souvenirs de galère et apostrophant amicalement l’assistance pour l’inciter à interagir avec lui.
Maillot de la Belgique sur le dos, Roméo Elvis a certes joué à domicile hier au BSF, mais a tout misé sur l’attaque pour s’assurer une victoire de prestige face au public… à son public !
Orelsan, toujours autant de pluie chez moi !
Dire qu’Orelsan était attendu sur la Place des Palais est un doux euphémisme. La preuve : même le Roi était présent dans sa magnifique demeure jouxtant la scène afin de voir le Normand à l’œuvre. Eh oui, à une période où les rappeurs français se conjuguent plus avec citation au tribunal et balayette à Orly, certains sortent du lot. Alors Aurélien est-il le seul écrivain potable depuis Victor Hugo ? On ne se prononcera pas là-dessus mais ce qui est sûr, c’est que Jimmy Punchline nous a enjaillé durant près d’une heure et demi.
Faisant bien entendu la part belle aux titres de son dernier opus (San, Tout Va Bien, Quand est-ce que ça s’arrête, Dans ma Ville on Traine, …), le Caennais a débarqué comme un tsunami avant d’emporter haut la main l’adhésion du public avec son single « Basique ». Et ce n’est pas le mash-up de ses anciens titres « Différent », « Jimmy Punchline » et « Courez Courez » qui allait le calmer. Pour la suite, l’artiste s’est même changé en devin (ou en Monsieur Météo, mais ça fait quand même moins classe) avec « La Pluie » lors de laquelle Stromae n’aura malheureusement pas fait au public l’honneur de sa présence, comme il l’avait fait à Forest National. Un titre prémonitoire puisque quelques tubes plus tard, c’est un véritable torrent qui se déversait sur nous. Histoire de prouver à Orelsan que notre ville, elle aussi, n’est même pas foutue de pleuvoir correctement.
Au final, après la claque « Raelsan », le touchant « Paradis » et surtout le sublime « Notes pour Trop Tard », Aurélien Cotentin de son vrai nom revenait pour un rappel de feu, histoire de mettre tout le monde d’accord. Et le public n’en demandait pas moins, reprenant en chœur « La Terre est Ronde », « La Fête est Finie » et … de nouveau « Basique » ! Au final, le « génie qui a écrit Sale Pute » aura démontré ce jeudi ce que beaucoup savaient déjà : il est incontestablement le meilleur rappeur de toute la scène hexagonale. Si c’est ça le rap game, il est là le boss de fin !
Olivier Eggermont et Matthieu Matthys