auteur : Catherine Gil Alcala
édition : La Maison Brûlée
sortie : mars 2018
genre : poésie
Après La Somnambule dans une Traînée de Souffre, Catherine Gil Alcala publie un nouveau recueil de poèmes, La Foule Divinatoire des Rêves, auquel s’ajoutent dix-huit de ses dessins.
Chaque poème est présenté sous forme de rêve. Rêves qui font tout de suite écho aux visions que l’on peut avoir sous l’effet de certaines plantes psychotropes, de voyages aux tambours ou bien de la méditation. On regrette alors de ne pas lire une introduction, pour savoir la source de ses pensées, qui, seules, apparaissent un peu anecdotiques.
Les pensées sont écrites brutes, à vif, sans explication. Il appartient alors à chacun d’en faire sa propre interprétation, en y projetant son imaginaire. Les dessins énigmatiques renforcent l’intimité et l’étrangeté du recueil. On navigue au sein des voyages intérieurs de l’écrivain, immiscé dans une sorte de transe, au cœur du corps et de l’esprit. On sent l’auteur tenter de comprendre ce qu’elle voit, on l’entend poser ses questions et alors, parfois quelques réponses peuvent être entrevues.
Peuplés d’images surréalistes, les textes sont habités d’animaux, de paysages et d’objets insolites. Maniant les métaphores et les gouffres de la pensée, le mystère sans fin s’instaure. Des images parfois absurdes sont dessinées, la pensée fait preuve d’humour, l’esprit nous joue des tours. On s’invite au cœur de son intimité où se mêle rêve et cauchemar. La vie et la mort cohabitent rendant la frontière entre ces mondes fragile. Les sens sont éveillés, ils se succèdent pour approcher et ressentir ce qui se déroule devant eux.
Si La Foule Divinatoire des Rêves a su éveiller notre curiosité, le voyage littéraire fut parfois compliqué. Les informations fusent, parfois indigestes, ce qui apparait normal dans ce type de voyage. Il appartient alors à l’interlocuteur de les décoder au réveil. Malheureusement, pour nous, extérieurs au périple de l’auteur et sans ses explications, les rêves apparaissent souvent anecdotiques. Il faut en effet prendre son temps pour l’appréhender et le recevoir. Il apparait alors nécessaire de s’immerger à l’intérieur afin de sentir si sa propre sensibilité s’y cristallise.
En sachant que certains des textes de Catherine Gil Alcala ont été performés ou joués au théâtre, l’envie de lire à voix haute peut se faire sentir, et l’exercice est appréciable. Finalement, l’ensemble mitigé saura sûrement trouver son lecteur, lunatique et rêveur, ailleurs.