Le Bangladesh vit dans l’ombre de son gigantesque voisin, l’Inde. Pays un peu oublié, il est néanmoins l’un des plus densément peuplé de la planète. Ses 153 millions d’habitants rêvent tout naturellement de découvrir les technologies contemporaines et de communiquer avec le monde. Pourtant, seulement 5 millions d’entre eux ont accès à internet, essentiellement dans les régions urbaines. C’est pourquoi, un groupe d’une cinquantaine de femmes a décidé de parcourir le pays avec un ordinateur portable, une tablette, un smartphone, une caméra digitale et un glucomètre. Leur nom : les Infoladies.
Les médias se sont intéressés à ce mouvement citoyen hors du commun inspiré par le Mobile Ladies de Muhammad Yunus. Parcourant les villages sur leurs vélos et en uniforme rose et bleu, elles aident les villageois à accomplir des tâches numériques, comme calculer leur taux de glycémie ou rechercher des informations sur les cultures. Mais la principale requête des ruraux reste le contact via Skype avec les hommes partis travailler à l’étranger, souvent au Moyen-Orient.
Le projet Infoladies a été créé pour lutter contre la pauvreté et contre l’isolement des populations rurales. Cette initiative a pu devenir réalité car le gouvernement octroie la somme de 650$ aux femmes qui souhaitent démarrer leur propre boîte. Cette activité s’avère lucrative puisque chaque femme gagne en moyenne 7000 taka par mois après remboursement de ses prêts, l’équivalent de 90$, ce qui est bien plus élevé que le salaire d’un agriculteur. De fait, chaque session coûte assez cher : 3$ l’heure. Cela peut paraitre excessif mais c’est le seul moyen pour les Infoladies de rentrer dans leurs frais.
Les femmes employées dans la société ne sont cependant pas des femmes d’affaires. Celles-ci proviennent également de petits villages isolés. Lors du recrutement, elles suivent un stage d’apprentissage de trois mois qui les initie au maniement des nouvelles technologies. Ensuite, la société les aide à contracter un prêt en vue d’acheter un vélo et tout l’équipement nécessaire.
Toutefois, cette démarche ne fonctionne pas partout. Certaines régions très conservatrices sont réticentes à l’idée qu’une femme puisse développer sa propre entreprise. D’autant que les Infoladies parlent aussi de sujets tabous comme la contraception, le sida ou encore le mariage des enfants.