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    [Avignon OFF 2018] Mémé, petits arrangements avec la vie au Forum

    Textes d’Anne Cangelosi et Alexandre Delimoges, interprété par Anne Cangelosi, mise en scène de Alexandre Delimoges.

    Joséphine, dite Mémé, vient d’enterrer son mari. C’est le moment de se retrouver avec elle-même, avec ses souvenirs et de faire le point sur sa vie. Il ne lui reste plus que sa meilleure amie et son émission favorite Amour, Gloire et Beauté. Avec de magnifiques expressions de Marseille, Mémé va se présenter et parler de son quotidien.

    « Elle avait l’abat-jour trop près de l’ampoule ! » en parlant de la maitresse de son mari. D’après Mémé, elle est toute refaite, tout est en silicone là-dessus. Et bien entendu, elle lui en veut d’avoir été avec son époux. Elle profite donc de chaque occasion pour se moquer d’elle.

    Mais pour se détendre, elle va se fumer un petit joint. Ça lui remet les idées au clair. Faut dire qu’elle en a vécu des choses, Mémé. Et même si elle prend tout avec humour, il y a des moments de sa vie qui ne sont pas très joyeux. On se surprend à être touché entre deux blagues et on en viendrait presque à culpabiliser de vouloir verser une larme à certains passages. Mais très vite, le rire reprend le dessus, toujours avec de belles expressions, comme « s’amuser la fauvette ! ». Et d’ailleurs, Mémé n’a aucun tabou. Elle révèle très simplement qu’elle a un canard vibrant et même qu’elle fait des démonstrations de sextoys, à la place des Tupperwares.

     On pourrait croire, de prime abord, que l’on va voyager dans les souvenirs nostalgiques de cette vieille dame de quatre-vingt-quatre ans sur un tapis de délicatesse. Mais pas du tout. Elle se veut franche, sans peser ses mots et elle tutoie directement le public pour s’en faire un allié, un ami. Elle n’hésite pas à poser des questions et à répondre à d’autres tout en poursuivant son spectacle. Et malgré que le personnage soit âgé, ça n’enlève en rien le dynamisme de la scène. On suit avec grand plaisir les cocasseries de cette dame  qui n’en finit jamais de raconter.

    Dans toutes ces plaisanteries sur la vie, sur les gens qui l’entourent, il y a de beaux sujets qui pourraient fâcher ou qui dérangeraient, mais comme c’est abordé par une Mémé joyeuse, un peu râleuse, mais avec une profonde gentillesse, ça passe très facilement. Elle pourrait même parler de sujets plus fâcheux ou plus délicats. On la suivrait toujours.

    Ce spectacle a plus de quinze ans et ce personnage est plus vivant que jamais. On comprend qu’Anne Cangelosi est loin d’avoir quatre-vingt-quatre ans, mais elle la fait demeurer à part entière. Même après le salut, Mémé reste Mémé.

    Un spectacle qui a fait ses preuves depuis de nombreuses années, mais qui offre toujours un vent de fraicheur et de jeunesse. Sacrée Mémé !

    Christophe Mitrugno
    Christophe Mitrugno
    Journaliste du Suricate Magazine

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